Des représentants de la communauté internationale ont insisté lundi 7 octobre pour que le premier tour de l’élection présidentielle en Guinée-Bissau se déroule à la date prévue du 24 novembre, provoquant un tollé de candidats de l’opposition ou indépendants, pour qui ce calendrier n’est pas tenable.
« Les élections présidentielles auront lieu le 24 novembre. En cas de deuxième tour, celui-ci aura lieu le 29 décembre », ont déclaré des délégués de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’ONU, de l’Union africaine et de la communauté des pays de langue portugaise dès l’ouverture d’une réunion avec les représentants des principales forces politiques de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest en crise politique chronique.
Cette déclaration a suscité une réaction virulente des représentants de partis de l’opposition parlementaire et de candidats indépendants, dont certains ont proféré des propos injurieux en français, en portugais et en anglais, ont raconté à l’AFP des participants. « C’est tout sauf une médiation. Ils sont venus nous imposer leur point de vue puis, sans respect pour personne, ils ont fermé la réunion », a déclaré à l’AFP Djibril Baldé, le représentant du Madem, l’un des principaux partis d’opposition.
Dix-huit prétendants
« Je ne pense pas que cette position de la Cédéao [médiatrice depuis plusieurs années] est de nature à résoudre la crise. Ils veulent nous forcer à avaler le poisson par la queue », a renchéri Eduardo Sanha, le représentant du président José Mario Vaz, qui se présentera en candidat indépendant.
Seul le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), première formation parlementaire, a semblé accueillir favorablement la prise de position de la communauté internationale. « C’est clair que les élections auront lieu cette année, les conditions existent », a déclaré son représentant, Califa Seidi.
Outre le président sortant, dix-huit prétendants, dont une femme, se sont enregistrés comme candidats à la présidentielle, mais une grève de dix jours des magistrats, qui s’est achevée vendredi, a retardé l’examen de ces candidatures par la Cour suprême, semant le doute sur le respect du calendrier. Les partis se déchirent en outre sur la révision du fichier électoral, que les uns souhaitent d’une portée limitée et que d’autres exigent complète.
Face aux réactions hostiles, les représentants de la communauté internationale ont reporté leur départ de Bissau et proposé d’écouter les doléances des acteurs politiques en fin de journée. Mais le Madem et le PRS, autre grand parti de l’opposition, ont refusé de participer à cette rencontre.
LeMonde