Les députés ont posé, hier, un autre acte pour éloigner le leader de Pastef de l’espace politique. L’examen, par la plénière, des conclusions du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des 94 milliards de francs dont la date n’a pas encore été fixée ouvre la voie à un procès contre le plus farouche opposant à Macky Sall, à l’heure actuelle.
Le compte à rebours pour l’éloignement de la scène politique du député Ousmane Sonko a commencé. Le premier acte a été posé, hier, avec l’ouverture de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale. Les députés ont voté, en procédure d’urgence, l’examen des deux points inscrits à l’ordre du jour : la modification du règlement intérieur de l’Assemblée nationale et l’examen, par la plénière, des conclusions du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des 94 milliards de francs. Par la suite, Moustapha Niasse, le président de l’Assemblée nationale, a convoqué la Conférence des présidents pour organiser les travaux en commissions et pour fixer une date pour la tenue d’une plénière afin que l’Assemblée nationale puisse se prononcer surtout sur l’affaire qui oppose Mamour Diallo au leader de Pastef, Ousmane Sonko. En effet, c’est la plénière qui doit statuer sur les conclusions de la Commission d’enquête parlementaire qui a blanchi Mamour Diallo, accusé par Ousmane Sonko d’avoir détourné la faramineuse somme de 94 milliards. Elle devra les valider ou les rejeter.
Mais sauf miracle, l’Assemblée nationale, majoritairement dominée par la mouvance présidentielle, la coalition Benno Bokk Yaakaar, devrait sans surprise aller dans le sens de la commission d’enquête et laver de tout soupçon Mamour Diallo, responsable du parti présidentiel dans la région de Louga. Une fois innocenté par les députés de la mouvance présidentielle, s’en suivra le troisième acte. Mamour Diallo va porter plainte contre le leader de Pastef pour «dénonciation calomnieuse» et «diffamation». Une fois cette plainte jugée recevable, les avocats de Mamour Diallo vont demander au procureur de la République la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko, ouvrant ainsi la voie à son jugement.
El Hadj Diouf, l’avocat de Mamour Diallo, avait déjà annoncé la couleur. Au mois d’août dernier, il affirmait que les députés seront bientôt convoqués en session plénière pour constater que son client, Mamour Diallo, a été blanchi. Et après, son client va porter plainte contre Ousmane Sonko. Et c’est seulement plus tard que le procureur de la République va entrer en action. «Mamour Diallo va porter plainte contre son accusateur Ousmane Sonko. Et quand le procureur de la République se rendra compte qu’il y a eu diffusion de fausses nouvelles pouvant entraîner soulèvement populaire, il devra exiger son placement sous mandat de dépôt», avait déclaré Me Diouf. «Les accusations sont d’une gravité exceptionnelle. Ousmane Sonko doit être arrêté et emprisonné», avait-il martelé, ajoutant qu’il avait les «preuves» qui établissent qu’Ousmane Sonko a menti. C’est dire que le leader de Pastef, candidat malheureux à la dernière présidentielle et qui est devenu le plus farouche opposant au président Macky Sall doit surveiller ses arrières.
Charles Gaïky DIENE