Les agents de santé de la région de Sédhiou et tous les syndicats confondus observent un mot d’ordre de grève de 48 heures depuis hier, mardi, en signe de protestation contre l’agression d’une sage-femme par un kankourang. La dame Rokhya Guèye a reçu plusieurs coups de coupecoupe à la tête alors qu’elle se rendait à une session de formation à bord d’une moto-taxi jakarta. Les agents de santé qui disent en avoir plein le dos et après moult avertissements menacent d’investir les rues de la capitale du Pakao, le mercredi 2 octobre, pour attirer l’attention de l’opinion nationale sur l’insécurité qu’ils vivent du fait des kankourang.
Face à la presse, les agents de santé n’ont pas fait dans la dentelle pour dénoncer avec véhémence l’agression d’une sage-femme par un kankourang : « nous sommes outrés et choqués par l’agression d’une sage-femme par un kankourang samedi dernier à hauteur de la brigade de gendarmerie de Sédhiou. La dame Rokhaya Guèye en service à Nguindir était embarquée dans une moto taxi jakarta quand soudain, elle et son conducteur furent stoppés par deux kankourang accompagnés de jeunes enfants. La dame est grièvement blessée à la tête et a été directement hospitalisée avant d’être évacuée sur Ziguinchor. Elle était venue à Sédhiou pour prendre part à une session de formation » a déclaré Brodiang DIakhaté, au nom de l’ensemble des syndicats affiliés à la santé. Et de poursuivre : « c’est la énième fois que nos camarades sont agressés par un Kankourang et cela doit cesser.
D’abord, ici nous travaillons dans des conditions difficiles et si à cela doit s’ajouter l’insécurité du fait des kankourang, autant plier bagages et rentrer chez nous. Nous avons longtemps alerté les autorités en vain. Nous avons porté plainte et demandons que justice soit faite dans cette affaire.
A l’issue de notre assemblée générale tenue lundi, nous avons décidé d’observer deux jours de grève avec respect du service minimum ». Pour sa part, Dr Camara, chirurgien officiant à Sédhiou depuis cinq ans dénonce un tel état de fait : « je suis ici à Sédhiou depuis cinq ans. Des actes de violence de ce genre du fait d’un kankourang sont fréquents à Sédhiou. Personnellement, j’ai plusieurs fois interpellé le responsable des kankourang mais les actes de violence continuent toujours ». Dr Camara note que c’est l’ensemble du système de santé qui est touché et invite les autorités à prendre le plus vite possible des mesures idoines contre de telles pratiques. «Nous, nous sommes des responsables et venons ici avec nos familles.
Sédhiou est un creuset culturel où l’on retrouve des Mandingues, des Peuls, des Wolofs, des Diolas, des Serères entre autres. Sédhiou, c’était la première capitale administrative de la Casamance et doit donc dépasser cette situation. En ma qualité de chirurgien et le seul d’ailleurs dans toute la région de Sédhiou, j’ai reçu plusieurs cas de blessures du fait d’une agression par un kankourang dont un enfant de 4 ans. Cette femme a été victime d’un traumatisme crânien et même psychologique ».
Ces agents de santé, tous syndicats confondus, envisagent l’organisation d’une marche le mercredi 2 octobre prochain toujours pour protester contre les actes de violence perpétrés par les kankourang contre leurs camarades en service à Sédhiou. Rappelons que dans sa forme initiale, le kankourang est un être mythique recouvert d’écorce rouge et muni de deux machettes qui tape l’une contre l’autre pour éloigner les mauvais esprits en protection des jeunes circoncis qui font leur entrée dans la case de l’homme.
Sud Quotidien