Même s’il a récemment agi sur les téléphones des fonctionnaires, les véhicules et rationalisé le nombre d’agences, l’Etat a encore «beaucoup de marge», selon le Fonds monétaire international (Fmi). En conférence de presse, hier, à Dakar dans le cadre d’une mission pour la conclusion d’un accord sur l’Instrument de coordination de la politique économique (Icpe), Corinne Delechat, chef de la délégation, estime que toutes ces dépenses un peu moins prioritaires, qui sont un plus de prestige, doivent être réglementées.
Fauché, le Sénégal a récemment appliqué des mesures de rigueur à son administration. A côté des budgets de fonctionnement qui sont rognés, plusieurs agents ont leurs lignes téléphoniques coupées, avant d’être rétablies pour certains. En conférence de presse, hier, le chef de mission du Fonds monétaire international pour le Sénégal, Mme Corinne Delechat, qui séjourne à Dakar en ce moment, dans le cadre de la négociation du Programme économique et financier du Sénégal, appuyé par l’Instrument de coordination de la politique économique (Icpe) a encouragé ces réformes. Non sans en demander encore. «C’est important pour le gouvernement de faire des efforts pour réduire son train de vie pour dégager de l’espace pour les dépenses sociales ou l’investissement. Donc, si on agit sur les téléphones des fonctionnaires, les véhicules et rationalise le nombre d’agences, on n’a pas de problème. On a encore beaucoup de marge. Toutes ses dépenses un peu moins prioritaires, qui sont un plus de prestige, sont réglementées dans tous les pays du monde. Donc, il n’y a pas de raison que cela ne soit pas le cas au Sénégal», a indiqué Mme Delechat. Qui estime que l’institution financière internationale n’a pas été défaillante ou en complicité avec le pays dans ces situations qui ont mené le pays aux tensions de trésorerie flagrantes dans lesquelles il baigne. «On n’a pas été défaillant. On a eu une interruption de programme. Je ne peux vraiment parler pour le passé. On a toujours recommandé des mécanismes d’application de vérité des prix mais le blocage a été décidé par les autorités politiques. Cela a eu des incidences sur le budget mais il est difficile d’apprécier au jour le jour cette incidence», dit-elle.
D’autre part, Corinne Delechat avoue que le blocage du prix des hydrocarbures a eu une incidence importante sur les finances publiques sénégalaises du fait de l’évolution des prix internationaux en 2017 et 2018. «Une des mesures phares du nouveau programme est le règlement des montants qui sont restés impayés au niveau de la compensation tarifaire et autres obligations vers le secteur», annonce la cheffe de mission du Fmi au Sénégal. Qui pense que la deuxième Loi de finances rectificative (Lfr), en cours de rédaction, va permettre de prendre en charge ces obligations qui n’étaient pas couvertes par le budget. «C’est une excellente démarche de sincérité du budget que de faire un réaménagement au niveau des dépenses pour introduire l’espace», pense-t-elle.
Pour le Fmi, il est important que le Sénégal maintienne la viabilité des finances publiques et de la dette, mais également qu’il ait des actions concrètes pour encadrer et encourager le développement du secteur privé. «Avec l’Icpe, on est aujourd’hui loin des anciens programmes d’ajustements structurels. On parle d’accompagnement des réformes du gouvernement dans le cadre du Plan Sénégal émergent (Pse)», dit Mme Delechat.
Ayant chaud aux caisses, le gouvernement est en train d’opérer des prélèvements ailleurs et de rogner sur le budget de fonctionnement de ses services. Ce qui contribue à clochardiser l’administration vouée aux gémonies et privée de beaucoup de choses dans cette nouvelle gouvernance fasttrack. «L’effort de collecte de recettes vise d’abord à récupérer les impayés accumulés par le passé, de s’assurer que les contribuables inscrits payent ce qu’ils doivent. Mais le plus important sera d’élargir la base de l’assiette pour qu’il y ait un maximum de particuliers et d’entreprises qui participent aux recettes», dit-elle.
Seyni DIOP