Toyota compte accélérer son développement en Afrique. Après avoir racheté le distributeur français CFAO, il compte implanter de nouvelles unités de montage au Ghana et en Côte d’Ivoire, et d’autres pays sont dans son viseur. Objectif: maintenir son rang de leader de vente de véhicules en Afrique.
Les constructeurs asiatiques s’intéressent de plus en plus au continent africain. C’est le cas notamment du géant nippon Toyota, troisième producteur mondial d’automobiles, qui affiche clairement ses ambitions d’expansion en Afrique.
Ainsi, après l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Nigeria et le Ghana, le PDG de Toyota, Ichiro Kashitani, a signé un accord portant sur l’implantation de Toyota en Côte d’Ivoire avec le ministre ivoirien des Transports, Amadou Koné, lors de la 7e édition de la Conférence de Tokyo sur le développement africain (TICAD 7), qui s’est tenue à Yokohama à la fin du mois d’août dernier.
Ce sera la cinquième implantation du géant nippon de l’automobile après l’Egypte, l’Afrique du Sud, le Nigeria (où il y a une unité d’une capacité de 30.000 véhicules/an, des minibus de type Hiace) et le Ghana.
Cette décision marque donc la volonté manifeste du constructeur japonais de se positionner davantage sur le marché africain.
Elle intervient quelques mois après la signature d’un autre accord, en mars 2019, portant sur la création d’une joint-venture au Ghana en partenariat avec un autre constructeur nippon, Suzuki Motors.
Mais cette décision intervient aussi, et surtout, après une décision prise en mai dernier: celle d’investir 6,1 milliards de rands sud-africains, soit 390 millions de dollars, dans le but d’augmenter la capacité de production de l’unité de production sud-africaine des modèles Hilus et Fortuner de Toyota, de 20.000 unités supplémentaires par an.
L’objectif de cet investissement est d’améliorer la compétitivité de cette usine et d’accroître les exportations de ce modèle au niveau du continent. Il faut souligner que l’usine sud-africaine exporte ses modèles vers 74 pays.
Au delà des sites d’implantation, le groupe nippon a acquis le groupe français de distribution automobile CFAO, présent dans une vingtaine de pays, pour faciliter la distribution de ses marques.
Mieux encore, dans sa stratégie de développement en Afrique, la filiale du conglomérat japonais Toyota Tsusho Corporation, opérant essentiellement en Afrique, a acquis 74,9% du capital de la société Unitrans Motor Holdings, société de distribution automobile sud-africaine.
C’est ce qui permet à Toyota d’entrer dans le secteur de la distribution automobile du plus grand marché de voitures neuves en Afrique.
Autant d’initiatives prises par Toyota, qui visent à accroître ses ventes d’automobile au niveau du continent africain, où la marque a longtemps été le leader incontesté des ventes de véhicules neufs.
En 2013, Toyota était la première marque vendue en Afrique avec 248.000 véhicules, soit 14% de part de marché.
Le constructeur nippon anticipe ainsi le boom de l’automobile africain. D’autres pays sont dans son viseur de leader mondial de la construction automobile, dont le Maroc, devenu le premier constructeur de voitures particulières en Afrique, mais aussi l’Algérie.
Cette expansion sur le continent s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, le constructeur Toyota souhaite conserver son rang de leader de la distribution automobile en Afrique.
Désormais, il est concurrencé, en plus des marques traditionnelles européennes (Peugeot, Renault, Volkswagen, etc.) et américaines (Ford) par d’autres marques asiatiques (Hyundai, Kia, etc.).
Ensuite, Toyota souhaite ne pas rater le boom annoncé du marché automobile africain.
Avec une population qui devrait passer de 1,2 milliard en 2017 à 2,4 milliards en 2050, le continent compte une classe moyenne estimée actuellement à 400 millions d’Africains.
Une aubaine pour les constructeurs automobiles. Le japonais souligne que le marché africain de l’automobile devrait atteindre 3 millions de véhicules neufs vendus à l’horizon 2025, contre un peu plus de 1,2 million actuellement.
En outre, il y a bien évidemment l’effet de la baisse des coûts des voitures fabriquées en Afrique, du fait que celles-ci bénéficient de coûts de fabrication plus bas, grâce à une main d’oeuvre bon marché, en plus d’exonérations fiscales, comme des incitations fiscales accordées aux constructeurs qui s’implantent, donc ne supportent pas des droits de douane exorbitants à l’importation de véhicules neufs.
Ainsi en s’implantant dans le continent, les constructeurs nippons espèrent améliorer davantage leur compétitivité-prix vis-à-vis de leurs concurrents européens, qui bénéficient souvent d’accès privilégiés aux marchés africains grâce à des accords de libre-échange avec certains pays africains.
Des accords que les pays de l’Union européenne essayent de généraliser à l’ensemble des pays du continent, dans le cadre des Accords de partenariat économique (APE).
Enfin, en s’implantant en Afrique, Toyota se rapproche davantage de certains marchés africains où le constructeur pourra écouler ses voitures plus adaptées au contexte africain et à des prix plus compétitifs.
Tous ces facteurs justifient les décisions d’implantations du premier constructeur automobile japonais en Afrique.
Selon Toyota, le choix du pays d’implantation dépend d’un certain nombre de paramètres: évolution du marché, coûts de production, moyens logistiques, incitations fiscales, efficacité des autorités dans la lutte contre les importations de véhicules d’occasion vétustes, etc.
Pour toutes ces raisons, Toyota n’est pas le seul constructeur japonais qui se développe en Afrique. C’est aussi le cas, entre autres marques, de Honda, Suzuki, Mitsubishi.
Les constructeurs nippons font face à la concurrence des leaders de la construction automobile mondiale, notamment Renault-Nissan- et surtout Volkswagen, qui multiplie de nouvelles implantations d’unités de montage en Afrique (Rwanda, Ghana, Algérie, Kenya, etc.).
Toutefois, le principal frein à l’implantation des constructeurs nippons en Afrique reste l’ampleur du marché de l’occasion.
En effet, entre 4 et 8 millions de voitures d’occasion sont annuellement vendues en Afrique, contre à peine un peu plus de 1 million de véhicules neufs vendus en 2018, dont 45% sur le marché sud-africain.
C’est dire que le marché de l’occasion demeure important, et constitue aussi un potentiel énorme pour les constructeurs automobiles.
En conséquences, ceux-ci unissent leurs forces pour faire pression sur les gouvernements africains afin que ceux-ci limitent les importations de véhicules d’occasion.
Cette stratégie commence d’ailleurs à porter ses fruits avec les limitations des importations de véhicules en fonction de leur âge dans de nombreux pays africains.
Afrique.le360