Le Comité de pilotage de l’Histoire générale du Sénégal n’a pas perdu du temps pour réagir après les remarques faites par certains Sénégalais sur des passages du Volume 1/A tome III. Dans un communiqué de presse, Iba Der Thiam et ses collègues ont apporté, point après point, des justifications.
Les polémiques sur la publication des premiers tomes de l’Histoire générale du Sénégal sont loin de s’estomper. Après la sortie de certains citoyens qui dénoncent ce qu’ils considèrent comme «des omissions ou contrevérités», c’est au tour du Comité de pilotage de monter au créneau pour se justifier. A l’intention de tous ceux qui se soucient de la vérité, le Comité de pilotage apporte des clarifications fondées, selon lui, sur des «faits palpables et des preuves concrètes». Dans le Numéro 4786 du quotidien L’Observateur, lit-on, une personnalité, qui se présente sous l’étiquette d’historien traditionnaliste, se demande : «Pourquoi l’Histoire du Sénégal devrait se résumer aux marabouts ?» Pour Iba Der Thiam et Cie poser une telle question ne présente pas un grand intérêt parce que l’Histoire du Sénégal a été, dès l’origine, déclinée comme «une histoire globale, qui ne laisse de côté aucune région, aucune langue, aucune culture, aucune religion, aucune ethnie. Elle est ancrée dans une vision sénégambienne et panafricaine. Elle est une histoire, à la fois, économique, sociale, politique, diplomatique, culturelle, religieuse et scientifique, pour réconcilier toutes les écoles de pensée». D’ailleurs affirment-ils, ceux qui ont lu les Tomes publiés savent qu’on y parle de société, de culture, d’art, de Ceddo, de religion, d’économie, de politique, de diplomatie, etc. Elle ne se résume, donc, pas, selon eux, à une catégorie sociale, fut-elle celle des marabouts. Et cela dit, s’interrogent-ils, pourquoi l’Islam et les chefs religieux en seraient-ils exclus dans un pays à 95 % musulman?
«Dire que l’histoire des Ceddo ne figure pas dans ces tomes est une autre contrevérité, qui prouve que celui qui parle n’a pas lu les livres qu’il conteste. En voici la preuve : A la page 92 du Tome III Volume 1/A, figure un chapitre intitulé: L’influence des communautés Ceddo et des Lettrés musulmans dans la société sénégambienne de la première moitié du XIXe siècle», démentent Iba Der Thiam et ses camarades dans un document rendu public. Mieux, d’après eux, contrairement à ce qu’ils ont écrit, jusque-là, il n’existe pas un seul modèle Ceddo, ni un seul modèle de lettré musulman, selon qu’il s’agisse de la société Wolof, Halpular, Manding, Sarakholé ou Peul.
Concernant la famille Ndiéguène, Iba Der Thiam et ses collègues tiennent à préciser que celui qui avait parlé au nom de l’illustre famille Ndiéguène, qui, à les en croire, est «une personnalité intègre et honnête, pleine d’expérience et de sagesse, dont certains avaient abusé de la bonne foi, après avoir pris connaissance des clarifications apportées par le Comité de pilotage, a reconsidéré sa position».
Toujours dans leurs explications, les membres du Comité de pilotage signalent qu’une personnalité qui n’a pas décliné son identité a évoqué la figure du grand-père de Blaise Diagne, Samba Youga Diagne sans fournir la moindre preuve. Sur ce, ils soutiennent que ce n’est pas un membre du Comité de pilotage qui l’a évoqué. C’est feu Dr Doudou Guèye, ancien responsable du Rda, lors du colloque tenu sur Blaise Diagne, à l’époque de Senghor. Donc, ils s’en tiennent à ce que feu Guèye a écrit jusqu’à ce qu’on leur fournisse des preuves concrètes qui infirment ces recherches.
Ne s’arrêtant en si bon chemin, Iba Der Thiam et compagnie se sont inscrits également en faux contre les informations faisant état de ce que le Comité de pilotage a été créé par le chef de l’Etat. Ils précisent que ce comité a été mis en place par eux-mêmes. Et Macky Sall n’a aucune responsabilité, dégagent-ils, dans les polémiques qui se sont fait jour.
«Le Comité n’a rien de commun, ni avec la Cnrf, ni avec la Cnri, ni avec la Cnds. C’est une initiative autonome des historiens uniquement», écrivent-ils dans le communiqué.
Samba BARRY