Les protestations contre l’Histoire générale du Sénégal (Hgs) continuent de plus belle. La dernière en date est celle des familles du Bour Sine Coumba Ndoffène Diouf de Diakhao, celles des Jaraaf et des Bissick, entre autres, qui ont réclamé hier, lors d’un point de presse, le retrait de cet ouvrage qui, selon elles, a falsifié l’histoire du Sine.
On n’en finit pas d’enregistrer des levées de boucliers suite à la publication des premiers tomes de l’Histoire générale du Sénégal (Hgs). En effet, à la suite des familles Niassène de Kaolack et de Ndiassane, c’est autour de la famille du Bour Sine Coumba Ndoffène Diouf de Diakhao ainsi que de celles des Jaraaf et des Bissick, entre autres, de monter au créneau pour fustiger vigoureusement ce qu’elles estiment être une «falsification» de l’histoire du Sine. C’est la raison pour laquelle, hier, à l’occasion d’un point de presse, elles ont exigé de la Commission de rédaction dirigée par le Pr Iba Der Thiam, que l’Hgs soit purement et simplement retirée des librairies, revue et corrigée. Se félicitant d’emblée de l’initiative du Pr Thiam et Cie d’écrire notre propre histoire, l’historien Mamadou Faye n’en a pas moins relevé des erreurs qu’il a jugées «inadmissibles» dans le volume 1/A du tome 3 relatif à la période allant de 1817 à 1914. La première critique formulée par M. Faye porte sur les «trois seules pages (627, 640 et 641) consacrées à l’histoire du Sine sur les 752 pages que compte ledit volume». Ensuite, il embraie sur les noms des rois du Sine pour dire que : «Koly Mbegane Faye, et Maari Ndour, père du roi Mbegane Ndour, n’ont jamais été rois du Sine comme indiqué à la p.627 et que ces noms ne figurent sur aucune des listes des rois du Sine établies par Aujas, Charles Becker ou Niokhobaye Diouf», a-t-il recadré. Avant de réfuter également l’idée selon laquelle Wagane Tening Diome Faye serait le fils de Siino méo. «Wagane Tening Diome Faye est le fils de Téning et non de Siino méo, c’est pourquoi d’ailleurs le prénom de sa mère est associé au sien (Wagane Téning) comme c’est souvent le cas chez les sérères», botte-t-il en touche. Un autre grand grief que Mamadou Faye a brandi contre les rédacteurs de l’Hgs est relatif à la fameuse «bataille de Fandane», appelée communément la «bataille de Somb» et qui, en 1867, avait opposé l’Armée du Bour Sine Coumba Ndoffène Diouf Famak à celle de l’Almamy du Rip, Maba Diakhou Ba. Selon l’historien, cette bataille a eu lieu le 17 juillet 1867 et non le 18 ou le 28 juillet comme cela a été écrit dans l’Hgs. De plus, soulignera M. Faye, «il est faux de dire que les soubassements de cette bataille sont d’ordre religieux». Pour lui, la «bataille de Fandane» est intimement liée à la surprise de Mbino ngoor (Keur Ngor) opérée quelques mois plus tôt par Lat Dior soutenu par Maba, contre Coumba Ndoffène Famak.
Par ailleurs, Mamadou Faye et Cie se sont offusqués avec véhémence contre le fait que dans l’Hgs, il n’est pas fait état de la résistance du Sine face à la domination coloniale. Et pour étayer leur argumentaire, ils citent les batailles de Djilas du 13 mai 1859 et de Logandème du 19 mai de la même année, contre l’Armée de Pinet-Laprade. Dans la foulée, ils ont rejeté l’idée selon laquelle les Sérères du Sine seraient réfractaires à l’islam. Pour preuve, Mamadou Faye brandit, entre autres, le témoignage que Coumba Ndoffène Fandeb (junior) a eu à faire en 1903 en faveur de Cheikh Ahmadou Bamba devant le gouverneur du Sénégal à Saint-Louis. En référence à ce témoignage célébré le 7 juin de chaque année à Diakhao et le 13 à Darou Marnane, M. Faye a suggéré l’institutionnalisation au Sénégal d’une «semaine/journée nationale de la vérité».
Avec LeQuotidien