Parce que le gouvernement décide d’envoyer les nouveaux bacheliers dans le public, afin d’éviter de gonfler l’ardoise déjà consistante qu’il doit au privé, le SAES exige des préalables, avant la prochaine rentrée universitaire. L’achèvement et la livraison de toutes les infrastructures équipées dans tous les campus en est un.
La volonté clairement exprimée par le gouvernement est d’envoyer tous les nouveaux bacheliers dans le public. La raison ? Sans doute éviter de gonfler l’ardoise déjà consistante que l’Etat doit au privé. Chose pour laquelle le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) pose des conditions, avant l’envoi de l’ensemble de ces nouveaux bacheliers dans les universités publiques. Ces préalables sont peut-être pour éviter que cette décision brusque ne soit une «façon habile de déplacer le problème de la prise en charge des bacheliers, par les établissements privés de l’enseignement supérieur, vers les universités publiques déjà affectées par les effectifs pléthoriques, le manque criard d’infrastructures et d’enseignants et l’insuffisance des budgets». Première exigence déclinée dans un communiqué publié hier, c’est l’achèvement et la livraison de toutes les infrastructures équipées dans tous les campus. De même que l’ouverture «immédiate » de 400 postes d’enseignants chercheurs et le recrutement conséquent d’enseignants-chercheurs pour arriver au moins à 70 % de permanents à l’horizon 2021-2022. Ce, avant la prochaine rentrée universitaire 2019-2020. Le paiement des sommes dues aux vacataires qui accompagnent les universités dans leur fonctionnement vient compléter cette première série d’exigences.
Le syndicaliste en chef, Malick Fall et ses camarades mentionnent aussi, dans la même source, l’augmentation conséquente dès 2020 de la dotation de l’Etat aux universités publiques, pour atteindre l’objectif «budgets de vérité». Et couvrir ainsi les dépenses pédagogiques, de recherches et de personnel. S’y ajoute la programmation pour un démarrage progressif des Instituts supérieurs d’enseignement professionnel (ISEP). Une exigence suivie du respect de la loi 2015- 26 du 28 décembre 2015 qui postule en son article 3 que «le ministère de tutelle et les instances pédagogiques déterminent, d’un commun accord, les capacités d’accueil des universités publiques». Cette réaction du SAES fait suite à la sortie du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le 05 septembre dernier, annonçant la décision du Gouvernement «d’orienter l’ensemble des nouveaux bacheliers 2019 dans les établissements publics d’enseignement supérieur». Une position perçue comme une volonté de l’Etat du Sénégal de «revenir sur son choix depuis 2013, toujours contesté par le SAES, d’orienter une partie importante des ressources publiques destinées à l’enseignement supérieur vers des structures privées, au détriment des universités publiques existantes».
Dans sa communication, le ministre en question a tenu un autre discours qui suscite l’attention des syndicalistes de l’enseignement supérieur. Il avait reconnu l’insuffisance et la non-livraison d’infrastructures dont les constructions ont été entamées depuis plusieurs années, sans oublier le déficit d’enseignants dans les universités publiques. Le SAES rappelle qu’il est membre de l’Internationale de l’Education (IE), une organisation qui lutte contre la privatisation et la marchandisation de l’éducation et milite pour un enseignement public de qualité accessible à tous. Au demeurant, le syndicat considéré invite le Gouvernement à mettre en place les conditions de travail adéquates.
Pape NDIAYE