Le communiqué qui a sanctionné la dernière réunion du Conseil des ministres a totalement passé sous-silence les exactions qui ont cours en Afrique du Sud. Le gouvernement était, sans doute, plus préoccupé par les nombreuses autres morts qui ont eu lieu pendant que le chef de l’Etat et ses ministres étaient en vacances. Seulement, quand, ce jeudi, Macky SALL, Président du Comité d’orientation du NEPAD, réagissant à cette vague de violence xénophobe, parle d’ « incidents », c’est le Sénégal qui se déculotte.
« Les incidents en cours en Afrique du Sud nous interpellent tous. Pour l’unité du continent et par respect à la sagesse africaine, j’invite à l’apaisement entre pays et peuples africains ». C’est la réaction que le président SALL a postée sur ses comptes Twitter et Facebook. A sa lecture, beaucoup se sont probablement demandé : mais il est où, de quoi il parle? Ce que Macky SALL dit étant tellement en déphasage avec ce qui se passe en Afrique du Sud. En faisant état « d’incidents », il renseigne qu’il a la tête ailleurs, apparemment toujours à Biarritz.
Selon un nouveau bilan de la police sud-africaine, la vague de violence xénophobe, qui secoue depuis une semaine le pays de Mandela, a occasionné la mort de quinze personnes. A en croire Elias Mawela, commissaire de la police de Gauteng, cité par l’Agence marocaine de presse, sept de ces morts sont directement liés aux exactions à Pretoria et à Johannesburg. En outre, indique le commissaire qui refuse de divulguer la nationalité des tués, c’est à la police de Gauteng, la province qui abrite les métropoles Pretoria et Johannesburg, où se sont retranchés des milliers d’expatriés africains qui se préoccupent plus de leur vie que de leurs biens pillés. Depuis une semaine, ce sont des jeunes, des femmes, des vieux armés jusqu’aux dents qui parcourent les rues de ces deux métropoles à la recherche d’étrangers à massacrer après avoir vandalisant leurs boutiques. Une situation plus que tendue, en dépit des 423 arrestations annoncées par la police totalement dépassée par les évènements.
C’est, sans doute, la sensibilité de cette situation, qui peut pourtant dégénérer, qui explique la levée de boucliers de nombreux chefs d’Etat africains. Ainsi, Les présidents rwandais Kagamé, nigérian Buhari, congolais Tshisekedi, malawite Mutharika ont purement et simplement décidé de boycotter le Forum économique mondial du Cap. La Zambie voisine a annulé le match amical de football qui devait opposer ce samedi son équipe nationale à celle de l’Afrique du Sud. Avant ces réactions, c’est le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, qui dénonçait des attaques « abjectes ». Même certains artistes très au fait de ce qui se passe en Afrique du Sud ont décidé de boycotter le pays pour protester contre les violences xénophobes.
Pendant ce temps, Macky SALL dont la réaction en tant, Président du Comité d’Orientation des chefs d’Etat et de Gouvernement du Nouveau Partenariat Pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), était plus qu’attendue fait hors sujet. Non seulement il ne condamne pas formellement les violences mais il indique inviter à « l’apaisement», non pas pour sauver des vies, mais « pour l’unité du continent et par respect à la sagesse africaine ». Pis, le chef de l’Etat parle de la situation ci-haut décrite en faisant état « d’incidents ». Macky SALL et ses communiquant savent-ils que le mot « incident » signifie : « Fait, événement de caractère secondaire ou Événement sans importance excessive » ?
Une mollesse rocambolesque doublée d’un hors sujet invraisemblable qui trouve pourtant explications aux yeux de certains. Macky SALL semble ne pas vouloir se fâcher avec l’Afrique du Sud qui du 9 au 11 octobre au Cap accueille conférence et l’exposition Africa Oil & Power 2019 au cours de laquelle, la médaille de l’homme de l’année lui est promise.
Mame Birame WATHIE