Si les sachets plastiques continuent toujours de faire foison au Sénégal, c’est parce que la loi élaborée dans ce sens connait des limites. C’est l’aveu du ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall qui faisait, hier, une visite de terrain dans quelques marchés de Dakar.
Depuis 2015, il existe une loi qui interdit l’utilisation, la production et la vente des sachets plastiques de faible micronage. Pour l’accompagner, de nombreuses campagnes ont été entreprises pour sensibiliser et informer les populations sur les dangers de l’usage des sachets plastiques et les effets néfastes sur l’environnement. Mais, avoue Abdou Karim Sall, force est de reconnaitre que cette loi comporte beaucoup de limites. Ce qui compromet d’ailleurs, selon le successeur de Mame Thierno Dieng, l’éradication définitive de ces objets. «Les sachets plastiques créent une pollution visuelle et dégradent l’agriculture et l’élevage. Sur le plan de la santé, il y a beaucoup de risques pour les populations. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé, depuis un certain temps, d’appliquer cette loi qui est entrée en vigueur depuis très longtemps. Mais je dois dire que le périmètre de la loi actuelle ne nous permet pas d’éradiquer de manière systématique et définitive l’utilisation des sachets plastiques sur notre territoire nationale», reconnait, Abdou Karim Sall qui faisait, hier, une visite de terrain dans quelques marchés de Dakar. Pour l’ancien directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), c’est la raison pour laquelle, dans les mois à venir, il y aura une nouvelle loi qui va permettre d’étendre le périmètre d’application en termes d’interdiction de ces sachets. Et son département est en train, dit-il, de travailler dans ce sens. Car la loi actuelle interdit les sachets à faible micronage et qui sont pourvus de bretelles. En revanche, elle laisse en rade une bonne partie des sachets qui ne sont pas concernés et qui polluent beaucoup plus que ceux qui sont concernés par la mesure.
Selon le ministre de l’Environnement, au niveau des dépotoirs de Mbeubeuss, les déchets qui sont collectés dans la région de Dakar tournent aux alentours de 4 000 tonnes dont 78 % sont des sachets plastiques. «Aujourd’hui, si nous luttons efficacement contre les sachets plastiques, nous allons atteindre très rapidement ce qu’il convient d’appeler le programme zéro déchet. La loi que nous allons promulguer dans les jours à venir permettra d’atteindre le périmètre mais aussi l’ensemble des sachets qui aujourd’hui constituent les plus grands polluants», renseigne Abdou Karim Sall. Ce dernier de rappeler que lorsque la loi a été votée, en 2015, les commerçants avaient demandé une période de battement pour s’organiser. De son avis, cette période est largement dépassée et les autorités ne peuvent pas faire autre chose que d’appliquer la loi malgré ses défaillances. Parce qu’elle ne prend pas en compte, affirme-t-il, les gobelets et les sachets d’eau vendus un peu partout dans la capitale sénégalaise.
Abdou Karim Sall a mis à profit cette caravane pour inviter les femmes qui vont dans les marchés à se doter de sachets en tissu ou en papier.
Samba BARRY