Le journaliste va devoir prendre en mal sa patience. Son audition sur le fond prévue hier a été reportée à une date incertaine, par le doyen des juges. Surpris par cette décision, ses avocats parlent d’une violation «flagrante» des droits de leur client.
aliste- consultant, Adama Gaye, n’a pas eu lieu. Elle a été renvoyée aux calendes grecques par le doyen des juges d’instruction de Dakar, Samba Sall. Une décision qui n’a pas plu aux avocats de la défense, lesquels n’ont pas hésité à se faire entendre. «Notre client M. Adama Gaye, prisonnier politique et d’opinion a vu ce jour son droit d’être entendu et jugé dans un délai raisonnable, violé par la Justice sénégalaise. Son audition au fond a été reportée sine die par le doyen des juges d’instruction. Ce qui lui est reproché par le pouvoir politique est l’expression de sa liberté d’opinion en tant que lanceur d’alertes sur de graves scandales dans le secteur de l’énergie en général et celui des hydrocarbures en particulier mettant en cause la gouvernance du Président Macky Sall et son régime», a laissé entendre Me Cheikh Ndiaye, membre du pool de la défense. Qui poursuit : «Au moment où le Sénégal participe au sommet de Ticad au Japon et que l’aide au développement de l’Afrique est conditionnée au respect de l’État de droit, l’État du Sénégal est en train de mettre en œuvre une politique criminelle d’arrestation et de détention arbitraire contre ses citoyens dissidents». Dans leur déclaration, les avocats dénoncent les violations flagrantes et récurrentes du droit du journaliste- consultant «à être entendu et jugé dans un délai raisonnable par une juridiction indépendante et impartiale de la Justice sénégalaise». Le collectif dénonce également «une instrumentalisation manifeste de la Justice sénégalaise à laquelle s’ajoute la mise en œuvre de lois spéciales consacrant l’inégalité des armes au détriment de Monsieur Adama Gaye».
Sur l’état d’esprit de leur client, le collectif fait savoir qu’Adama Gaye informe l’opinion publique nationale et internationale qu’il ne ménagera aucun effort pour la défense de ses droits et libertés fondamentales consacrés par la loi et la Constitution de la République du Sénégal. «Adama Gaye est resté digne, lucide et combatif en dépit des dures conditions de détention dans la prison de Rebeuss qui ne répond à aucune des normes auxquelles l’État du Sénégal s’est engagé à respecter, causant la mort dans des conditions atroces de deux prisonniers de droit commun», note Me Cheikh Ndiaye qui a porté la parole de ses confrères.
Salif KA