L’ancien président du groupe parlementaire de la mouvance présidentielle critique le flop communicationnel gouvernemental dans l’affaire du fer de la Falémé.
Moustapha Diakhaté désapprouve particulièrement la stratégie du ministère des Mines et de la Géologie et l’Apix qui sont sur la défensive. Il les accuse, en effet, de faire le médecin après la mort et de courir après l’opposant Ousmane Sonko qui ne cesse de les accabler et les acculer. En clair, il estime qu’ils auraient dû informer les Sénégalais sur les clauses du contrat entre l’Etat du Sénégal et l’entreprise turque Tosyali Holding. «Mieux vaut communiquer que réagir pour un gouvernement. Il a fallu des accusations sur d’éventuels risques de prévarications minières pour que la ministre des Mines et le Directeur de l’Apix décidèrent de présenter à l’opinion nationale l’état d’avancement des négociations entre l’Etat sénégalais et l’entreprise turque Tosyali Holding», affirme Moustapha Diakhaté. Qui s’empresse d’ajouter : «C’est ce qu’il ne faut surtout pas faire dans une démocratie d’opinion comme celle du Sénégal où, désormais, l’accusation équivaut à la culpabilité».
Avant-hier, le leader de Pastef a dévoilé les termes du MOU et a accusé le président de la République d’avoir fait à l’entreprise turque des facilités extraordinaires, comme par exemple d’avoir cédé 750 millions de tonnes de fer à Tosyali pour la modique somme de 510 milliards de francs Cfa, alors qu’en 2006, l’ancien Président Abdoulaye Wade avait vendu ce même minerai à Arcelor Mittal deux fois plus cher, 1 100 milliards de francs Cfa. A cela, il faut ajouter la construction du chemin de fer pour le transport du fer qui incombait à l’entreprise indienne. Alors que d’après Ousmane Sonko, Macky Sall a décidé de construire le chemin de fer avec les moyens de l’Etat et de le donner aux Turcs pour transporter le minerai au port minéralier de Sendou. Et ce n’est pas tout. Ousmane Sonko qui parle de «banditisme d’Etat» dans cette affirme révèle le pouvoir a accordé une exonération de l’impôt et de la taxe sur l’activité professionnelle aux Turcs.
C’est après ces graves accusations que Sophie Gladima, le ministre des Mines et de la Géologie et Mountaga Sy, le directeur général de l’Apix, ont réagi pour parler de ce contrat. Ils démentent le leader de Pastef sans convaincre les Sénégalais, parce que contrairement à Sonko, ils refusent de dévoiler les termes du MOU. En effet, dans un long communiqué, le ministère parle «d’allégations dépourvues d’objectivité et de fondement», mais ne donne aucun chiffre sur le montant du contrat, ce que l’Etat du Sénégal devra encaisser, les travaux que l’entreprise turque doit effectuer etc, pour étayer ses propos. Tout au mieux, le document de presse fait la genèse et loue la «clairvoyance » du chef de l’Etat. Rien d’autre. Par ailleurs, Moustapha Diakhaté qui fut ministre, chef de Cabinet du président Macky Sall, soutient qu’il urge de tirer toutes les conséquences de la dernière révision constitutionnelle proclamant les ressources naturelles comme patrimoine du Peuple sénégalais et érigeant la transparence comme leur mode de gouvernance. La constitution en son article 25-1 dispose, en effet, que: «Les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie. L’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables. L’Etat et les collectivités territoriales ont l’obligation de veiller à la préservation du patrimoine foncier». Il soutient que dans la droite ligne de cette réforme majeure, l’Assemblée nationale doit être mieux impliquée dans le processus de validation et d’approbation des accords relatifs aux ressources naturelles du Sénégal. Selon lui, les discussions ouvertes à la presse nationale sur les projets de Convention entre la République et tout promoteur-développeur en commissions et en plénières à l’Assemblée nationale, dans des débats libres et sans concession, sont les meilleures garanties de la transparence, de l’information des populations et la préservation des intérêts nationaux. «L’implication de l’Assemblée nationale et des collectivités territoriales impactées par l’exploitation minières dans le processus de validation des conventions n’est plus un choix mais une obligation pour le gouvernement depuis la révision constitutionnelle de 2016. C’est aussi cela le Sénégal de TOUS, le Sénégal pour TOUS et surtout le Sénégal par TOUS», dit-il.
Charles Gaïky DIENE