Mafatim Mbaye, le père du jeune boulanger Amar Mbaye, décédé à Thiès, a annoncé jeudi l’internationalisation du combat pour la manifestation de la vérité autour de ce qu’il a qualifié d’ ‘’assassinat’’ de son fils, et pour couper court à une ‘’bataille de l’opinion’’ faisant croire à la thèse de l’accident qu’il réfute.
“Nous ne pouvons pas rester sur place comme ça, nous allons internationaliser le combat”, a affirmé Mafatim Mbaye qui rencontrait la presse à son domicile au quartier Niéti Kadd.
“Nous allons saisir tous les organisations de défense des droits de l’homme, les instances judiciaires au plan national comme international”, a ajouté M. Mbaye, qui a précisé que cette démarche ne dénote pas un manque de confiance vis-à-vis de la justice du pays, mais rentre dans le cadre d’une “bataille d’opinion”.
Dans la nuit du vendredi 16 au samedi 17 août derniers, son fils de 31 ans, Amar Mbaye est décédé dans des conditions non encore élucidées. Là où certains pointent du doigt la police des Parcelles assainies de Thiès, d’autres à travers les réseaux sociaux, défendent la thèse de l’accident.
La famille se dit “persuadée” qu’il s’agit d’un “assassinat”, tout en se gardant d’accuser qui que ce soit, et disant s’en remettre à l’enquête et au verdict de la justice.
“Ce dont nous sommes persuadés aujourd’hui, (c’est que) ce n’est pas un accident, c’est un crime”, a-t-il martelé, évoquant “des coups” qu’auraient reçu la victime, selon des “témoins oculaires”.
Il a déploré le fait qu’un individu soutienne à travers les réseaux sociaux qu’Amar Mbaye a été victime d’un accident, et que sa moto aurait fait une ‘’embardée’’, le tuant ‘’sur le coup’’.
‘’Ce tapage médiatique concoure à faire avaler à l’opinion la thèse de l’accident, or nous, nous ne sommes pas dans cette dynamique. Il n’y a pas eu accident, il a été assassiné’’, a-t-il poursuivi, non sans ajouter : ‘’l’autopsie nous persuade que ce sont des coups’’.
M. Mbaye, ancien directeur d’école, a dit s’être attaché les services d’un ‘’spécialiste’’. Il a relevé que le défunt ne présentait aucune égratignure sur le reste de son corps. ‘’Il y a eu au moins trois fractures au niveau du coup et de la mâchoire et du même côté’’, a-t-il dit.
Selon lui, l’autopsie réalisée le 20 août dernier à l’Hôpital Aristide Le Dantec de Dakar, fait état d’un ‘’traumatisme cervico-facial, avec fractures multiples, hémorragie interne et externe de grande abondance’’.
Le dossier est entre les mains du juge du premier cabinet, a dit Mafatim Mbaye, qui a invité le tenant de la thèse de l‘accident, à aller voir le juge d’instruction, ‘’s’il est sûr de ce qu’il dit’’.
Pour quelqu’un qui aurait fait une ‘’embardée’’, comment ‘’par extraordinaire’’ la moto, le corps de la victime et le sac de sel qu’il transportait et qui étaient censés être ‘’dans le décor’’, se sont retrouvés côte à côte au milieu de la route, d’où ils n’ont été enlevés que deux heures plus tard, s’est-il interrogé.
Il a aussi relevé le fait que la moto de la victime est restée intacte, après le présumé accident. Mafatim Mbaye a, en outre, déploré le fait, selon lui, que des ‘’témoins oculaires’’ qui se sont engagés à témoigner ont, selon lui, ‘’reçu des menaces de mort’’.
‘’Nous leur avons demandé de porter plainte. Ce qu’ils ont fait’’, a-t-il rapporté, annonçant que lesdits témoins seront conduits au juge d’instruction pour raconter ce qu’ils ont vu. Il a dit tenir à ce que ‘’justice se fasse, quel qu’en soit le coût’’.
‘’La police, c’est un corps que nous respectons, mais il y a une gangrène qu’il faut extirper’’, a-t-il dit, faisant appel au ministre de l’Intérieur, à revoir la formation.
APS