Des véhicules abandonnés au milieu des eaux, des tas d’immondices immobilisés sur les voies, des routes coupées et gorgées d’eau, des bassins de rétention complètement débordées…C’est le sale décor qui a prévalu, hier, après les précipitations qui se sont abattues sur Dakar et sa banlieue dans la nuit du mercredi au jeudi.
avant le pont dit de l’Emergence. Deux jeunes gens tentent de dégager un véhicule particulier de marque Peugeot coincé dans les eaux de pluie. Un peu plus loin, sur la petite voie qui sert de passage aux piétons, un soudeur métallique récupère ses barres de fer traînés par les eaux. Les précipitations qui se sont abattues dans la nuit du mercredi au jeudi sont passées par là. Elles ont installé une véritable pagaille dans la capitale et sa banlieue. Sur toutes les artères stratégiques, ou presque, le sentiment est le même : la désolation. Pendant plusieurs heures, les eaux de pluie ont pris en possession l’ex-pont «Sénégal 92» obligeant ainsi les usagers à faire des détours ou rogner leur frein. Et ceux qui ont tenté de forcer le passage l’ont appris à leurs dépens.
S’ils ne sont pas pris en otage au beau milieu des eaux, ils s’en sortent avec une panne de moteur qui les oblige à pousser leurs véhicules jusqu’aux ateliers de mécaniciens. Même l’annexe du stade Léopold Sédar Senghor a été submergée par les précipitations. Du haut des passerelles qui font face au stade, on aperçoit, de loin, une mare d’eau qui a inondé tout le terrain. Les allers et retours des véhicules de transport et particuliers ont été complètement perturbés, causant ainsi des embouteillages monstres. Grand-Yoff a bu le calice jusqu’à la lie. Le quartier s’est retrouvé coupé en deux.
A partir de la station Shell, c’est une longue mare d’eau noirâtre qui accueille le visiteur. Pour passer d’un côté à l’autre, il faut faire des grands détours. Sur la voie qui mène vers le marché de Monument, un mini bus Tata est abandonné par le chauffeur et les clients au milieu des eaux. Des pneus, pièces détachées de véhicules, des tables en bois pour les marchands, chaises, tabourets, kiosques à café sont tous engloutis par les eaux. Des bidons de 20 litres, des sachets, et cartons complètent le décor. Chauffeurs, apprentis et passagers sont contraints de vider les lieux pour aller ériger un petit garage à côté des passerelles qui font face à l’hôpital Nabil Choucair. Les pompistes de la station Shell plient aussi bagage pour se retrancher derrière leur lieu de travail. «Je voulais acheter de l’essence, j’ai stationné mon véhicule, à côté de l’hôpital Nabil Choucair mais apparemment la station est inaccessible même à pied», lance, dépité, un conducteur qui rebrousse chemin, bidon vide à la main droite. Si les chauffeurs, riverains, passants fustigent cette situation à Grand-Yoff, Patte d’Oie a vécu pire.
A la descente du pont de l’émergence, plusieurs camions et cars de transport en commun ont été trainés par les eaux de pluie jusqu’à un certain niveau où les chauffeurs, apprentis et passagers ont été contraints de descendre et sauver leur peau.
Les eaux de pluie, mélangées à celles usées qui viennent du bassin de rétention, dégagent une odeur nauséabonde sur plusieurs mètres à la ronde. «Ici, il y a une pente. Ce petit bassin ne peut recueillir toute cette eau. Il faut que les autorités en charge de l’assainissement trouvent des solutions. A chaque fois qu’il pleut, les populations de Grand-Médine sont bloquées dans leurs maisons. Elles ne peuvent plus sortir. C’est une situation qui dure depuis longtemps. Le maire ne peut pas ignorer ça, parce que sa mairie se trouve juste à côté», martèle Yatma Diagne trouvé devant son domicile observant, impuissant, la situation.
Samba BARRY