La maison d’arrêt et de correction de Rebeuss refuse du monde. Pour avoir depuis longtemps dépassé sa capacité d’accueil, 100m2 étouffe ses très nombreux pensionnaires. Mais, depuis 2012, ce sont des détenus « privilégiés », accusés de l’avoir ouverte trop grande, qu’accueille la célèbre prison.
Interpellé ce lundi, Adama GAYE n’a pas eu le temps de lire tous les commentaires qui ont suivi sa dernière publication sur Facebook. C’est très tôt que des éléments de la division des investigations criminelles (DIC) ont investi son domicile pour l’amener s’expliquer sur ce post et ceux qui l’ont précédé.
En effet, même si, pour justifier cette arrestation, des informations sont distillées dans la presse pour accabler le… journaliste (sic) qui aurait parlé relations compromettantes de Macky SALL, il n’en demeure pas moins que la dernière contribution d’Adama GAYE fait très mal au régime. En ce sens que, en connaisseur de la question, le journaliste y fait des relations explosives sur la gestion opaque des ressources minières du Sénégal par Macky SALL. « Ce matin, j’alerte le Sénégal: pour tenter de faire diversion face à la houle des scandales qui montent vers lui, un illégitime président, tel un naufragé, se prépare à se jeter dans les bras d’une lame aiguisée, d’une bande d’escrocs, en leur apportant sur un plateau d’argent nos hydrocarbures -dans une noce d’enfer dont seul le peuple sénégalais, dépouillé, pâtira. Tu n’en n’as pas le droit Macky et nous t’arrêterons by all means necessary ! », a écrit Adama GAYE. Le journaliste a mis le doigt là où ça fait plus mal et le régime semble décidé à le lui faire payer. Et le Directeur exécutif d’Amnesty international/Sénégal, Seydi GASSAMA n’a pas tort de dire que « tout prétexte est bon pour réduire au silence ceux qui critiquent le régime de Macky SALL». Et ce n’est pas la première alerte que le régime tente d’étouffer.
Adama GAYE qui soutenait mordicus Guy Marius SAGNA, dont il a vigoureusement dénoncé l’arrestation, n’a pas tardé à le retrouver. En effet, poursuivi pour « fausse alerte au terrorisme », le responsable de la communication du mouvement FRAPP/France- dégage a bouclé une semaine de prison. Avant eux, c’est un autre activiste, en la personne Abdou Karim GUEYE, qui était interpellé. Poursuivi pour «appel à un attroupement non autorisé», le rappeur a été condamné à un mois avec sursis et à payer une amende de 50 000 francs CFA à verser au Trésor public. S’agissant d’Assane DIOUF, un autre activiste à la langue bien fourchue, l’Etat a déployé d’énormes moyens pour le rapatrier des Etats-Unis. La suite est connue.
Les étrangers pas épargnés
Kémi Séba, qui avait brûlé un billet de franc CFA, a vu un procès être intenté contre lui. Acquitté le tribunal des flagrants délits de Dakar, le Franco-béninois n’allait tout de même pas continuer à pavaner au Sénégal. C’est trop tôt qu’il a été débarqué à Paris. Avant lui, c’est le blogueur tchadien, Makaïla Nguébla, réfugié au Sénégal depuis 2005, qui est expulsé en mai 2013 vers la Guinée.
WALFNet