CONTRIBUTION
La violence aveugle, lâche et gratuite vient de faire encore une victime, le commandant de la brigade de gendarmerie de koumpentoum, Tamsir Sané.
Grand Tam, comme nous l’appelions affectueusement, est l’un de nos grands frères qui ont contribué à façonner notre enfance dans la ferveur et la convivialité du quartier des HLM Néma de Ziguinchor. Nous admirions un grand frère d’une force physique peu commune, toujours prompt à remettre à leur place les impétueux et autres arrogants, mais doté d’un grand cœur qu’il traduisait par une générosité et une disponibilité sans limite. La première chose qui frappait quand on le rencontrait, c’était ce large et éclatant sourire qui ne s’effaçait de son visage jovial que quand II s’endormait.
La dernière fois que je l’ai aperçu, c’était pendant la campagne électorale lorsque notre caravane déambulait dans les rues de Koumpentoum. Professionnel jusqu’aux ongles, il resta impassible quand je passais devant la brigade. Tout juste soufflera-t-il à un de mes compagnons restés à l’arrière : Sonko est mon “Boy”.
Oui, le crime lâche et crapuleux a fauché un grand frère. Mais le plus inquiétant c’est la propension que ce mal est en train de prendre au sein de notre société de jour en jour, révélant du coup l’absence et la faiblesse de la puissance publique.
En frappant le commandant Tamsir Sané, les malfrats mettent au grand jour la déliquescence d’un État et de son autorité jusque dans ce qui la représentait le mieux : les forces de l’ordre et de sécurité dont les appellations populaires de “takk dër”, “alkaati” renvoyaient tellement bien à la “force publique“ et à la peur qu’elle inspirait.
La responsabilité première de cette situation, lourde de dangers pour la stabilité sociale de notre pays, incombe aux pouvoirs publics dont le comportement de tous les jours face au bien public et à l’intérêt national a fini de désacraliser l’Etat.
Un sursaut s’impose avant qu’il ne soit trop tard.
Grand Tam, tu es tombé sur le champ de l’honneur, comme tu as vécu.
Puisse Allah te couver et te couvrir de sa miséricorde et de son pardon. Puisse-t-il t’ouvrir les portes de ses jardins célestes.
“On passe sa vie à dire adieu à ceux qui partent, jusqu’au jour où l’on dit adieu à ceux qui restent.”
Par Ousmane SONKO