Avec le rappel à Dieu du Secrétaire général du Ps, la bataille de succession va bientôt voir le jour. Ousmane Tanor Dieng avait appelé aux retrouvailles en faisant un clin d’oeil à Khalifa Sall et Cie. Un appel qui remet en selle l’ancien maire de Dakar pour prendre les rênes du Ps.
Avec la disparition de leur Secrétaire général, c’est la patronne du mouvement des femmes du Ps Aminata Mbengue Ndiaye qui tient les cordes. Avant hier à la maison mortuaire à Fann, c’est la responsable des femmes du Ps et ministre de la Pêche qui a parlé au nom du Parti socialiste en sa qualité de Secrétaire générale adjointe, lorsque le chef de l’Etat est venu présenter ses condoléances au domicile de Ousmane Tanor Dieng, à Fann Résidence. Ce qui fait dire à beaucoup d’observateurs qu’elle est partie pour être un sérieux challenger à Serigne Mbaye Thiam, Khalifa Sall… S’il est vrai que le défunt Ousmane Tanor Dieng a joué sa partition pour la préservation du legs de Senghor, il convient de rappeler qu’il ne s’est pas trop impliqué quant à la relève. Pourtant la question de sa succession s’est toujours posée dans les instances du parti. On se rappelle les primaires soulevées en 2014 et pour lesquelles de nombreux socialistes dont Aïssata Tall Sall étaient d’accord. Il faut remettre dans le compteur les affrontements à la maison du parti, en janvier 2017, ayant entrainé l’arrestation du maire de la Médina Bamba Fall. Depuis lors, les relations se sont gâtées entre les socialistes désormais divisés en pro-Tanor et pro-Khalifa. Les «khalifistes» ont toujours voulu anticiper sur la succession de Ousmane Tanor Dieng. Ce qui va entrainer leur exclusion des instances du Parti.
En sus de ce problème, un vent de rébellion s’est dégagé au sein des souteneurs du Sg du Ps après la reconduite des ministres Serigne Mbaye Thiam et Aminata Mbengue Ndiaye dans le gouvernement. Cela a, notamment, conduit à la démission du porteparole adjoint, Moussa Bocar Thiam et les sorties on ne peut plus musclées de Abdoulaye Gallo Diao, membre du Bureau politique contre la gestion du parti par Ousmane Tanor Dieng. Comme un signe prémonitoire, Tanor avait appelé à des retrouvailles. C’était le samedi 16 mars 2019, lors de la dernière réunion du Bureau politique du Parti socialiste. A cette occasion, Ousmane Tanor Dieng avait lancé un appel aux retrouvailles de la famille socialiste, relayé par le porteparole du parti, Abdoulaye Wilane. Un appel qu’il avait réitéré, le 2 avril, lors de la prestation de serment du Président Macky Sall, nouvellement réélu pour un second mandat à la tête du Sénégal. «Le dialogue est entamé au Parti socialiste. Nous y invitons Khalifa Sall. Il n’y a pas d’exclusion. C’est un appel inclusif que je lance à l’ensemble des socialistes de coeur ou de raison. J’ai dit à mes camarades qu’il faut faire preuve de tolérance, de générosité», avait-il dit. Parlant de Khalifa Sall, il avait déclaré : «Je ne souhaite la prison à personne surtout à quelqu’un avec qui on a cheminé aussi longtemps. C’est le Président Abdou Diouf même qui me l’a confié. Donc, c’est avec déchirement que je le vis cette situation-là». Dans une analyse intitulée «Après le décès de Ousmane Tanor Dieng, quel ‘Khalifa’ pour prendre la relève au Ps ?» Ababacar Gaye qui porte son choix sur le maire révoqué de Dakar souligne: «Légitimement il l’est. Politiquement, il a les arguments. Socialement, il est plus coté que ses pairs. Sur toutes les échelles où il pourrait être amené à se mesurer avec ses éventuels rivaux, Khalifa Ababacar Sall part avantagé et de loin. Ce n’est pas pour rien s’il est favori. Son statut d’ancien ministre, ancien député et surtout de maire de Dakar plaident pour lui. Victime de son ambition pour le Ps, laquelle lui vaudra un emprisonnement depuis mars 2017, l’ancien secrétaire à la vie politique du parti a démontré à la face du monde que jamais il ne troquerait son socialisme contre aucune autre idéologie». Avant d’ajouter : «Khalifa est le digne héritier de Tanor et de Senghor à la tête du Ps, il y aura tout un problème pour qu’il prenne les rênes du parti. Faudrait-il d’abord qu’il veuille en être à la tête. La principale difficulté réside dans le fait que la partie acquise à Ousmane Tanor Dieng est en toute logique en opposition à Khalifa Sall et ses souteneurs qu’ils appelaient ‘les aventuriers’. Avec l’arrestation de l’ancien maire, beaucoup de tort a été causé au Ps tant pour ce qui concerne sa cohésion que sa massification. En l’état actuel des évènements, une seule chose est sûre : le décès d’Ousmane Tanor Dieng va plonger le Ps dans une aventure ambigüe !».
Cependant, la dernière sortie de Macky Sall lors de présentation de condoléances chez Tanor Dieng laisse croire que le jeu est déjà fait. En effet, le patron de l’Apr a laissé entendre qu’Ousmane Tanor Dieng lui avait déjà soufflé le nom de successeur avant sa mort. «De son lit d’hôpital, il m’envoyait des confidences sur sa formation politique. Tanor a bel et bien préparé succession et le moment venu, je vais le dévoiler», a dit le Président Sall, selon ses propos rapportés par L’Observateur. «Il faut maintenir la collaboration et bien garder le flambeau du Parti socialiste. Pour ce qui me concerne, je ne trahirai jamais notre alliance. Je vais respecter tous les engagements que j’ai pris», a-t-il ajouté.
Magib GAYE