La défaite de l’équipe nationale du Sénégal a plongé, hier, Grand-Yoff dans une sorte de consternation. Les supporters de ce quartier populaire de Dakar qui nourrissaient un espoir de voir, pour la première fois, les «Lions» remporter le trophée continental, ont été déçus.
«Les naars (berbères, Ndlr) ont gagné». Par ces termes qui frisent le racisme, les supporters de Grand-Yoff cherchent à noyer leur déception. Au coup de sifflet final, c’est tout un quartier qui prend les allures de cimetière. Entre pleurs et cris, les supporters sont abattus devant la boulangerie pâtisserie viennoiserie Fouquet’s qui, pour l’occasion, leur servait de fan zone. Des milliers de personnes ont, en effet, suivi le match dans cet espace où un écran géant était installé. Le calme qui y règne après le match n’a rien à envier à une cérémonie funéraire.
Devant les portes des maisons, certains essaient de comprendre les raisons de la défaite. Tandis que d’autres se consolent avec la qualité du jeu servi par le Sénégal. «C’est la loi du football. Notre équipe n’a pas démérité», relativise Ousmane Niang, marchand ambulant. A ses côtés, René Ndong, analyse également le match livré par les poulains de Cissé. «Dans toute compétition, il faut toujours un vainqueur et un vaincu. La victoire est allée de l’autre côté. On ne doit que s’en remettre à Dieu et continuer le travail», philosophe-t-il. Pendant ce temps, les supporters ont regagné leur domicile. Personne ne traine dehors. Aucun bruit ne se fait sentir. Maillots, sifflets et autres articles sont rangés dans les tiroirs
A 500 mètres de la fan zone, en allant vers le marché, un groupuscule composé de jeunes sportifs déçus commente le match. Ces derniers analysent avec sérénité la déchéance de notre équipe. «On n’a rien à reprocher aux joueurs. Ils ont représenté dignement le Sénégal durant Toute la compétition. Ils ont perdu avec la manière», se félicite Antoine Mendy. «Bravo à eux. Sadio Mané a donné le meilleur de lui-même. C’est difficile de perdre une finale. Ainsi, en a décidé le bon Dieu», réplique Jean Preira. Avant le démarrage, l’ambiance était carnavalesque. A l’instar de toutes les localités du Sénégal, Grand-Yoff s’est réveillé, hier, dans une ambiance de finale de la coupe d’Afrique des nations. Tôt le matin, on note une synchronisation entre les cris des supporters, des klaxons et vrombissements des véhicules.
Au marché, des maillots, sifflets et tout instrument d’ambiance s’achètent comme de petits pains. Les sifflets sont échangés contre 400 francs. Tandis que les prix des badges et autres articles varient entre 500 et 1500 francs. Les prix des maillots prennent l’ascenseur. De 4000 à 5000 francs Cfa la veille, ils passent à 7000 francs, au petit matin. Les clients se bousculent dans les cantines, avant la prière du vendredi.
A la fin de la prière, l’ambiance reprend au niveau de tous les angles. Tout le monde sort. Une marée humaine envahit les rues. A 15 heures 45 minutes, le rythme baisse. La fatigue se fait sentir sur les visages des supporters qui étaient enthousiastes durant la mijournée. A 18 heures, les chansons reprennent de plus belle. Puis, les positionnements démarrent au niveau des magasins et espaces dans lesquels des écrans de télévisions sont installés. A 19 heures, l’arbitre siffle le début. Les uns rentrent dans leurs salons tandis que certains empruntent les rues pour suivre le match devant des écrans géants implantés un peu partout. «J’ai confiance en notre équipe. Ils vont bientôt marquer le but de l’égalisation pour faire ensuite la différence», soutient une jeune fille vêtue aux couleurs du drapeau national du Sénégal. «Cette coupe ira aux Lions. Ils vont marquer, c’est sûr», tente de se rassurer une autre, juste après une occasion ratée. Malheureusement, leurs prières n’ont pas été exaucées car le score est resté le même jusqu’à la fin.
Salif KA