Après le départ de François de Rugy, le gouvernement compte plus de femmes que d’hommes. C’est une première dans l’histoire de la Ve République mais la gent masculine reste majoritaire aux postes de ministres de plein exercice. Comment en est-on arrivé là ?
Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, les femmes sont plus nombreuses que les hommes au gouvernement. Avec désormais 18 femmes et 16 hommes dans l’équipe d’Edouard Philippe, 17 si l’on compte le Premier ministre. Mais Élisabeth Borne n’est plus ministre d’État comme François de Rugy et Emmanuel Macron n’a pas encore réalisé son “souhait” de candidat d’une Première ministre. Retour sur l’évolution de cet équilibre depuis 1959.
Simone Veil, première ministre de pleine exercice, en 1974
Le premier gouvernement de la Ve République ne comptait en 1959 qu’une seule femme : la secrétaire d’Etat Nafissa Sid Cara, chargée des questions sociales en Algérie. A son départ en 1962, le gouvernement devient totalement masculin, jusqu’à la nomination, après les événements de mai 1968, de la secrétaire d’Etat Marie-Madeleine Dienesch à l’Education nationale.
Il faut attendre l’élection de Valéry Giscard d’Estaing en 1974 pour qu’une femme occupe un ministère de plein exercice : celui de la Santé, incarné par Simone Veil.
Mais la première véritable percée des femmes, si l’on peut dire, a lieu en 1995, après l’élection de Jacques Chirac. Son Premier ministre, Alain Juppé, nomme alors 12 femmes, surnommées les Jupettes, soit un peu plus du quart de l’effectif gouvernemental.
Sous la cohabitation avec Lionel Jospin, la proportion grimpe à près de 40%. Puis une femme pour cinq hommes après la réélection de Jacques Chirac en 2002. Mais depuis, l’augmentation est constante. De 23 à 36% de femmes sous Nicolas Sarkozy. De 45 à 50% sous François Hollande. Et entre 47 et 51% depuis l’élection d’Emmanuel Macron, avec un gouvernement strictement paritaire pendant les 3/4 du temps (589 jours sur 788).
Une seule Première ministre et certains ministères encore très masculins
Mais si les femmes sont aujourd’hui plus nombreuses que les hommes au gouvernement, la gent masculine reste majoritaire aux postes de ministres de plein exercice et bien minoritaire du côté des secrétaires d’Etat.
Contrairement à ses deux prédécesseurs, Elisabeth Borne n’est d’ailleurs pas ministre d’État. Un titre plus symbolique qu’autre chose mais qui donne une place particulière dans l’ordre protocolaire. En même temps, depuis son élection, Emmanuel Macron a nommé quatre ministres d’État : Gérard Collomb, François Bayrou, Nicolas Hulot et François de Rugy. Tous ont démissionné !
Certains ministères restent très masculins, à commencer par les Affaires étrangères. Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy en mai 2007, le Quai d’Orsay n’a été dirigé que 2% du temps par une femme, avec le passage éclair de Michèle Alliot-Marie en 2010-2011.
Toujours depuis mai 2007, l’Intérieur (17%), les Armées (18%), l’Éducation nationale (22%), les principaux ministères économiques (24%) et le porte-parolat (26%) sont aussi très masculins.
A l’inverse, le ministère de la Justice a été, depuis 2007, majoritairement dirigé par des femmes (76%). Ainsi que la Culture (70%) et les principaux ministères sociaux (68%).
Enfin, sous la Ve République, une seule femme a occupé le poste de Premier ministre : Edith Cresson, de mai 1991 à avril 1992. Et le candidat Emmanuel Macron n’a pas (encore) réalisé son “souhait”, de mars 2017, de faire entrer une femme à Matignon.
Franceculture avec AFP