Même s’il n’a pas occupé la plus haute station de l’Etat, la Magistrature suprême, Ousmane Tanor DIENG a concentré beaucoup de pouvoirs entre ses mains de 1993 date de sa nomination comme ministre d’Etat chargé des affaires présidentielles à 2000.
La quasi totalité des Sénégalais qui ont parlé de Ousmane Tanor Dieng ont insisté sur certains traits de caractère qui symbolisaient l’homme : Il était discret, posé, calme, timide, froid, distant mais surtout un grand homme d’Etat. Mais le Secrétaire général du Parti socialiste était aussi un homme de pouvoirs. Même s’il n’a pas eu à occuper la plus haute station de l’Etat, la magistrature suprême, Ousmane Tanor DIENG concentrait beaucoup de pouvoirs entre ses mains. En effet, depuis 1993, date de sa nomination comme ministre d’Etat, ministre des Services et des affaires présidentielles jusqu’en 2000, Ousmane Tanor Dieng était comme une sorte de vice-président de la République qui faisait et défaisait les carrières tant au niveau du parti socialiste qu’au niveau de l’Etat. Une posture que beaucoup de ses camarades socialistes ne digéraient pas et avaient préféré quitter la formation politique de Léopold Sédar Senghor suite à ce qu’on a appelé le «congrès sans débat» de mars 1996 qui fit de lui le Premier secrétaire du Ps et Secrétaire nationale aux relations internationales.
A l’accession de Macky SALL à la Magistrature suprême, Tanor continuera à peser de tout son poids sur la grande coalition Benno bokk yaakaar. De 2012 à 2016, il sera un conseiller, très écouté, du Président Macky SALL qui finit par lui créer le Haut conseil des collectivités territoriales dont il sera le Président. «Avec la disparition du Président Ousmane Tanor Dieng, le Président Macky SALL, la Coalition benno bokk yaakaar, le Parti socialiste et la République viennent de perdre un allié éminent et loyal, un Grand militant du Sénégal et de la République, un de ses plus grand serviteur», dira Macky Sall dans son hommage. Un témoignage qui en dit long sur le respect que le chef de l’Etat vouait à l’homme. Et le témoignage de Me Madické Niang confirme également cette dimension d’Ousmane Tanor Dieng. «J’ai pu moi-même découvrir ces vertus en le pratiquant personnellement. Ensemble, nous avons dénoué beaucoup de crises, et concilié, à plusieurs reprises, des positions qui pouvaient, si elles ne trouvaient pas de compromis, déteindre dangereusement sur la stabilité et la paix dans notre pays. De Tanor, je retiendrai aussi une armoire à secret, une tombe des secrets étatiques et pas des moindres. Ayant, intégré très tôt l’administration puis le gouvernement, il a été en un moment de sa vie au cœur de l’Etat. Mais, en homme d’Etat accompli, il a toujours su garder dans son tréfonds ces socles de la République. Au nom du devoir de réserve, il les aura gardés jusqu’au bout, sans faillir et jamais un seul d’entre eux n’a pu échapper à son mutisme légendaire. De Ousmane Tanor DIENG, j’ai toujours été impressionné par la stature d’homme d’Etat», souligne l’avocat qui a été témoin privilégié des relations parfois tendues entre les anciens présidents Abdou DIOUF et Abdoulaye WADE.
Georges Nesta DIOP