Chronique de WATHIE
Les autocrates, dont les équipes nationales sont qualifiées à la présente CAN, ont jeté leur dévolu sur ce tournoi pour tenter de dissiper les nuages que leurs forfaitures ont condensés. Al-Sisi voulait s’en servir pour faire passer la pilule de la mort de Morsi. En Algérie, les militaires ont misé sur cette compétition pour cristalliser l’énergie que les jeunes déploient pour dénoncer leur accaparement du pouvoir. Au Sénégal, la Coupe d’Afrique est arrivée comme une bouée de sauvetage pour les frères Dalton immergés jusqu’au cou dans le pétrole sénégalais. A l’instar de ces régimes, celui de Macky SALL manœuvre, s’accrochant aux crampons de Sadio MANE pour atténuer l’ire des Sénégalais roulés dans la farine et expropriés de leurs ressources.
Le requin a beau être énorme, SALL-Senior est décidé à le noyer. La période de panique, marquée par ses commentaires puérils à la Grande mosquée, a été suivie par celle de la dénégation et de la réfutation. Depuis la conférence de presse du procureur de la République, la phase de l’étouffement est enclenchée. Mais, le régime compte surtout sur les talents de comédien des SALL qui instrumentalisent les services de l’Etat pour tenter désespérément d’étouffer le scandale Petro Tim.
Depuis qu’El Hadji KASSE a vendu la mèche, bousillant totalement leur ligne de défense faite de dénégations, les SALL se sont repliés sur la religion avec le dessein d’attendrir leurs compatriotes qu’ils ont roulés dans la farine. SALL-junior le sait. Pour avoir multiplié sa crédibilité par zéro, sa parole ne vaut pas un kopek. Plusieurs fois, il s’est dédit et devant les Sénégalais, il a dit tout et son contraire. C’est, sans doute, fort de cette juste caractéristique qui le particularise de plus en plus qu’il s’est dernièrement pointé devant les caméras avec un exemplaire du Coran. Le Sénégal, quel drôle de pays ! Comme s’il suffisait de jurer pour se disculper, SALL-Junior enchaîne, annonçant qu’il démissionne du poste qu’il n’aurait jamais dû occuper.
Pendant que SALL-junior titille le Coran et agace les religieux, son frère file à Touba pour plaider leur innocence auprès du khalife général des mourides. C’est à ce point qu’on en est arrivé. Ainsi, la République, mise à genou par un président fragilisé, accepte de se départir de ses plus essentielles prérogatives dans une localité où la population dépasse le million d’habitants. C’est assuré que Macky SALL n’est à Touba, une première visite depuis sa réélection, que pour se tirer de l’affaire Petro-Tim, que les autorités ont rendu public (ou plutôt ont rappelé) le code conduite édicté pour «préserver l’ordre public et assurer la sécurité dans la ville». Si ce n’est pas l’Etat qui se déresponsabilise.
Seulement, toutes ces manœuvres des frères SALL auraient été vaines s’il n’y avait pas la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Depuis les Romains et le colisée, les dirigeants peu scrupuleux ont toujours appréhendé le sport comme un sédatif suffisamment fort pour faire oublier au Peuple ses sincères misères. Comme tout bon autocrate, Macky SALL s’appuie aussi sur ce levier pour donner le sourire à ses compatriotes que ses coups de butoir font souffrir. La construction d’universités et d’hôpitaux peut tarder mais pas celle d’un stade. Pour SALL-Senior, la CAN ne pouvait pas mieux tomber. A défaut de refroidir les ardeurs des Sénégalais qui réclament « leurs 400 mille », les performances des « Lions » sont à même de donner le sourire aux nombreux mécontents. Est-ce un hasard si SALL-Junior, qui a « affronté » le Coran, s’est rendu le jour du match Sénégal – Bénin à la Division des investigations criminelles (DIC) ? Malgré les graves accusations portées contre lui, il est ressorti libre comme l’air des locaux de la police judiciaire. « Je suis très soulagé d’avoir eu l’opportunité de parler aux autorités judiciaires. Et je suis désolé pour mes confrères de la presse, tous les scoops que j’avais, je les ai donnés à la police. Donc il n’y a plus de scoop», nargue-t-il, comme si le documentaire de la BBC n’était pas à la base de son retour au-devant de la scène.
Le revers du décor sera marqué par une participation honorable de l’équipe nationale du Sénégal qui aura réussi à davantage unir les Sénégalais qui ne lâcheront pas pour autant cette affaire du pétrole.
PS : Pour des raisons de santé, vous n’avez pas eu, ces dernières semaines, votre chronique qui vous revient.
Mame Birame WATHIE