Une mission d’évaluation de lutte contre le tabac séjourne depuis, hier, à Dakar. Il s’agit d’échanger avec les autorités sénégalaises sur comment corser la taxe sur le tabac afin de freiner les consommateurs.
Les mesures prises par les autorités pour lutter contre la consommation du tabac notamment avec la loi anti-tabac ne semblent pas porter leurs fruits. Face à cette situation, le Programme national de lutte contre le tabac (PNLT), en collaboration avec une mission d’évaluation de la lutte contre le tabac venue de Genève réfléchissent depuis hier, à Dakar, sur comment taxer davantage la cigarette pour dissuader les consommateurs. «Aujourd’hui c’est vrai que le Sénégal a augmenté les taxes sur le prix du tabac avec 65% mais ce que vous devez comprendre, c’est que la résilience du tabac fait que le prix n’est pas répercuté sur le consommateur. Il n’y a pas la taxe spécifique. Ce que nous voulons c’est que, quand on applique une taxe, que cela puisse se répercuter jusque chez le consommateur comme quand vous achetez une baguette de pain. Ce qui n’est pas le cas ici. Quand vous augmenter la taxe, le producteur diminue sa marge bénéficiaire pour que le prix ne se répercute pas chez le consommateur», regrette Dr Oumar BA, coordonnateur du PNLT. Pour Dr Bâ, la CEDEAO a mis en place une directive depuis un an pour demander aux Etats de taxer au maximum la cigarette. Mais chaque pays est souverain pour appliquer cette taxe. Selon lui, si on applique cette taxe, cela veut dire que les produits du tabac ne pourront plus être vendus au détail. Et cela va se répercuter jusque chez le consommateur. Du coup, ceux qui continuent de fumer vont diminuer. Mieux, affirme-t-il, il n’y aura pas de nouveau fumeurs car le tabac sera hors de portée. Ce qui n’est pas le cas pour le moment, dit-il, au Sénégal.
D’ailleurs c’est pourquoi assure-t-il, le PNLT, avec l’appui des agents de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), est en train de travailler pour qu’on arrive à appliquer cette taxe spécifique sur les produits du tabac. A l’en croire, cela va protéger les populations et faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat. L’argent collecté des taxes pourra financer la Couverture maladie universelle (Cmu), la lutte anti-tabac etc. «Il y a des carnets de verbalisation spéciale qui ont été faits pour que quand vous violez la loi, on fait une amende immédiate. Cela existe mais le pouvoir de contrainte appartient à la gendarmerie et à la police qui détiennent la puissance publique. La loi a prévu des sanctions aussi bien pour ceux qui violent la loi que pour les responsables des lieux publics qui ne la font», rappelle-t-il.
Pour Dr Bâ, la mise en œuvre de la loi et l’interdiction de fumer dans les espaces publics concernent toutes les populations. Car nul n’est censé ignoré la loi. Le Coordonnateur du PNLT déclare que les forces de défense et de sécurité ont eu à mener des descentes avec les autorités administratives plusieurs fois sur l’ensemble du territoire pour vérifier dans les bars, les restaurants. Et tous les contrevenants pris en flagrant délit ont été sanctionnés. Mais de son avis, ce n’est pas ce qui va régler le problème. Il faut que cela rentre dans la routine et la sensibilisation.
«Il faut qu’on continue parce que la loi dit de façon claire : chaque responsable de lieu public est tenu d’afficher la signalétique au portail pour interdire de fumer dans l’espace public. Donc il est important de parler aux populations pour qu’elles sachent que la loi n’est pas contre les fumeurs. Elle est plutôt là pour protéger tout le monde», indique-t-il.
Samba BARRY