Le président de l’organisation de la société civile Africa Jom center, Alioune Tine a chargé la justice dans l’affaire Pétro-Tim. Il souligne que ce pouvoir a les mains liées pour des dossiers politiques. A l’en croire, le principal concerné dans cette affaire devrait être le premier à être entendu.
Le président de Africa Jom center Alioune Tine, n’apprécie pas les méthodes de la justice dans l’affaire Pétro-Tim même si le Procureur, au mois de juin dernier, était monté au créneau pour dit-il, prendre les choses en main et que la justice fera son travail convenablement. Et dans la foulée, il avait lancé un appel à témoins. Des personnes prétendant détenir des informations sur cette affaire, ont défilé à la Division des investigations criminelles (Dic). Mais ce qui irrite l’ancien responsable d’Amnesty International section Afrique de l’Ouest, c’est l’absence aux auditions du principal concerné dans cette affaire. Alioune Tine qui était l’invité, hier, de l’émission dominicale de la radio privée Sud Fm souligne qu’il ne comprend pas que le maire de Guédiawaye, Aliou Sall n’ait pas été entendu dans cette affaire jusqu’à présent alors que c’est lui qui devrait être le premier à être chez le maitre des poursuites. Ainsi, il en déduit que «cela traduit l’idée que tous les Sénégalais ont de l’institution judiciaire : elle est aux ordres de l’exécutif». «Les organes de contrôles ont fait leurs investigations et ont produit des rapports. Ce qui ne marche pas, c’est la justice. Notre institution judiciaire a les mains trop liées surtout sur des questions politiques. Nous n’avons pas encore une justice capable de traiter avec impartialité et en toute indépendance les affaires politiques, surtout quand les mis en cause sont du pouvoir. Le Procureur de la République est très puissant, mais il obéit à sa hiérarchie, au ministère de la Justice qui obéit à la présidence de la République», a dit le président d’Africa Jom Center.
Sur cette affaire, on a entendu beaucoup de commentaires faits par la mouvance présidentielle pour essayer de «laver» le frère du Président. Mais ce qui désole l’ancien responsable de la Rencontre africaine des droits de l’homme, c’est la cacophonie qui émane de la présidence de la République. C’est pourquoi, il affirme que «la communication de la présidence est fondée sur le déni, le mensonge et les artifices». A l’en croire, les réponses données par les communicants du Palais ne sont pas satisfaisantes. Et cela a contribué à cette spirale de manifestations depuis que l’affaire a éclaté, après la diffusion de l’enquête de la Bbc. «C’est parce que les réponses attendues n’ont pas été données pour faire jaillir la lumière et la justice que les manifestations continuent. La communication de la présidence est fondée sur le mensonge et les artifices. Soit on nous dit que le rapport de l’Ige n’a jamais existé, soit le chef de l’Etat ne l’a jamais reçu. C’est ce qui prouve que nous sommes dans le déni. Ça, ce sont les réponses de la présidence contre un service présidentiel, l’Ige. Pire encore, le ministre Augustin Tine nous dit que les conclusions de ce rapport n’engagent pas le président de la République… », ajoute l’ancien patron de la Raddho.
Alioune Tine s’est prononcé sur le voyage du maire de Guédiwaye à l’étranger laissant derrière lui la tempête provoquée par cette affaire Pétro-Tim. «Dans tous les pouvoirs il y a ce qu’on appelle des âmes damnées. Mais maintenant les âmes damnées sont dans la famille présidentielle. Le résultat : dès que le pouvoir change ils ne peuvent mêmes pas rester au pays. Prenez le cas de Karim, François Compaoré (frère de Blaise Compaoré), le cas d’Aliou Sall, il a quitté. S’il n’y avait pas cette question il n’aurait pas quitté», dit-il.
Mamadou GACKO