Après le scandale sexuel qui l’a secoué en 2018, Oxfam ne sort toujours pas des zones de turbulences. Cette fois, c’est du Sénégal et de l’Afrique que vient la fronde.
En cause, la posture de l’organisation non gouvernementale (Ong) de vouloir ‘’imposer’’ à tous ses collaborateurs sa ligne directrice en faveur de la cause des homosexuels. Selon nos sources, l’Ong compte accélérer son ‘’agenda secret’’, en ce qui concerne la promotion des droits de la communauté Lgbtiaq. Pour commencer, des instructions fermes ont été données à tous les employés d’être plus solidaires à l’égard de ces catégories. Au Bureau Sénégal, certains n’ont pas tardé à réagir vigoureusement, en exprimant ouvertement à la tutelle leur position sur cette lancinante question. D’après certaines informations parvenues à ‘’EnQuête’’, un des cadres, qui a été à la base de cette fronde, a déjà fait les frais de son opposition. Il a tout bonnement été licencié, pour avoir osé crier tout haut ce que nombre de responsables, particulièrement des Africains, pensent tout bas. ‘’Non à la volonté de la hiérarchie d’imposer à tous les agents sa vision sur l’homosexualité qui n’est pas conforme à nos valeurs’’, précisent nos sources. A en croire ces dernières, Oxfam a toujours été une structure avec diverses sensibilités et elle doit le rester. Ces cadres africains qui se sont confiés à nous de poursuivre que la direction doit respecter les convictions et valeurs fortes de ses différentes composantes, pour maintenir le cadre ‘’convivial’’ dans lequel ils ont toujours évolué. Oxfam, selon leurs dires, ne doit pas être un lieu où on fait la promotion d’un groupe au détriment des autres. ‘’Chacun n’a qu’à assumer ses choix de vie sans chercher à entraver les choix des autres. Car nul n’a le droit d’imposer aux employés un style de vie qui n’est pas partagé par tous’’, grognent ces travailleurs sénégalais.
‘’Les droits à l’orientation sexuelle… sont non négociables’’, selon Oxfam
A en croire nos interlocuteurs, l’organisation non gouvernementale veut impulser à ses différentes sections ‘’de nouvelles méthodes’’ de prise en charge de la question de l’homosexualité. L’Ong considère, en effet, que ses maillons les plus faibles se trouvent dans des pays où ses représentants ne sont pas assez aux côtés des communautés Lgbtiaq. Poussant le bouchon plus loin, Oxfam va même jusqu’à ‘’défier’’, de manière à peine voilée, selon nos sources, les Etats où l’homosexualité n’est pas reconnue. A ses employés qui rechignent à mettre en œuvre ses directives en la matière au nom des barrières législatives, elle recommande de se poser la question suivante : ‘’Nous devrons nous demander si la légalité a préséance sur la justice en respectant des lois qui criminalisent diverses orientations sexuelles et identités de genre. Notre position actuelle se situe là où notre crise actuelle de sauvegarde nous oblige à être. C’est aussi le même endroit où nous place l’injustice raciale.’’ Oxfam ne se limite pas à ‘’défier’’ les pouvoirs publics. Elle invite ses différents employés à se conformer à ces nouvelles exigences pour continuer la collaboration. Parmi ces exigences, ‘’construire un Oxfam où les droits à l’orientation sexuelle et aux identités et expressions de genre sont non négociables’’, ‘’un Oxfam doté d’une stratégie délibérée pour recruter les membres des communautés Lgbtiaq+, pour les conserver et pour qu’ils occupent des postes de direction clés, et qui renforce le leadership des pays du Sud’’, ‘’un Oxfam qui collabore activement avec des organisations et des mouvements soucieux des droits et de la liberté des personnes Lgbtiaq+ et qui utilise une perspective féministe et intersectionnelle dans tout le travail de l’organisation’’. D’après nos interlocuteurs, l’Ong est même allée jusqu’à menacer ses différents collaborateurs. ‘’Cette problématique, leur dit-elle, n’en est pas une où l’on peut choisir de rester neutre. C’est une question pour laquelle nous devons choisir entre choix, diversité, respect et amour. C’est une problématique pour laquelle nous devons choisir la justice ou sinon ne plus être les bienvenu-e-s dans la confédération’’.
‘’Choisir (la politique de l’Ong) ou ne plus être les bienvenues dans la confédération’
Ainsi, pour Oxfam, tous ses agents sont priés de comprendre les enjeux suivants. D’abord, sur toutes les problématiques sur lesquelles l’Ong travaille, les représentants doivent comprendre comment le pouvoir agit vis-à-vis des différentes classes de personnes. Dans cet effort de compréhension, l’orientation sexuelle et l’identité de genre sont essentielles, fait-elle savoir. Ensuite, elle confie que si les systèmes juridiques, religieux et culturels, des normes et des comportements, des systèmes économiques et autres étaient tous inclusifs et justes, Oxfam n’aurait pas eu besoin d’exister…
Le vent de révolte et le licenciement d’un cadre
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette hymne à l’homosexualité n’est pas au goût de certains responsables du bureau Sénégal et plus généralement des cadres africains. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à rappeler à Oxfam qu’elle a l’obligation, elle aussi, de se conformer aux lois et règlements en vigueur dans les pays où elle s’établit. ‘’Comment l’Ong peut demander à ses responsables installés au Sénégal d’agir contre la législation du pays, par exemple ?’’, s’insurgent ils. Leur employeur, ajoutent-ils, devrait plus se préoccuper de leur sécurité, de leur épanouissement ainsi que de la condition de ces milliers de personnes qui bénéficient des actions d’Oxfam sur les plans humanitaire, de la promotion de la transparence et de la bonne gouvernance des ressources naturelle…’’ D’autres ont simplement évoqué la clause de conscience et ont déclaré irrecevables les principes que veulent leur imposer l’establishment. Si l’on en croit certaines sources, cette affaire n’est que la face visible de l’iceberg. A Oxfam, les accusations se multiplient jour après jour. Rappelons que c’est en 2018 qu’avait éclaté le scandale sexuel épinglant de hauts responsables de l’organisation.
Vers la fin de l’année 2018, l’Ong s’était beaucoup fait remarquer, à cause d’un rapport jugé léger sur les viols et agressions sexuels en milieu scolaire au Sénégal. Par ailleurs, certains de nos interlocuteurs soutiennent un climat délétère qui y règne, avec des départs en cascade, depuis l’arrivée d’Amy Glass à la tête du bureau Sénégal. Un ancien employé confie : ‘’J’ai démissionné, parce que je ne pouvais plus travailler avec la directrice qui écrase tout le monde. Ce qu’elle veut, ce sont des béni oui-oui qui ne la contrarient pas. Et qui lui racontent tout ce qui se passe dans les couloirs. Pas moins de cinq responsables ont soit démissionné soit été licenciés.’’
En possession de ces informations depuis la fin de la semaine dernière, ‘’EnQuête’’ a essayé, par tous les moyens, d’entrer en contact avec le Bureau Sénégal d’Oxfam, pour recueillir sa version, mais en vain. Deux mails ont été envoyés, respectivement à la responsable en charge de la communication, Myrline Mathieu, et à la directrice Amy Glass. Si la première s’est excusée d’être en déplacement, la directrice, elle, a royalement ignoré notre correspondance. C’est ainsi que nous nous sommes déplacés jusqu’au siège, mais ne pouvions nous adresser au responsable, faute de rendez-vous. Notre dernière tentative a été d’appeler le bureau pour prendre un rendez-vous, mais notre interlocuteur nous a signifié que la chargée de la Com est absente du territoire et qu’il faudrait passer la semaine prochaine.
EnQuête