Malgré les promesses du ministre de l’Intérieur, toutes les conditions sont réunies pour un deuxième report des élections locales qui devaient se tenir au mois de juin 2019 avant d’être reportées au 1e décembre prochain.
On s’achemine tout droit vers un report, un deuxième report des élections locales, prévues initialement au mois de juin, avant d’être reportées au 1e décembre prochain. En effet, malgré les assurances du ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, qui a dit avant-hier, lors d’une rencontre avec les partis politique, vouloir respecter les 150 jours avant les élections prescrits par le code électoral, toutes les conditions sont réunies pour le report de ce scrutin local. D’abord, les révisions exceptionnelles des listes électorales n’ont pas encore démarré, alors que nous sommes à six mois près du scrutin de décembre. La révision des listes intervient toujours avant des élections. D’ailleurs, le Code électoral, à son article L.39 alinéa 5, dispose «qu’avant chaque élection générale, une révision exceptionnelle des listes électorales est décidée par décret pour définir les conditions et modalités d’organisation de cette importante phase du processus électoral». Ainsi, des commissions administratives instituées à cet effet par les autorités compétentes, se chargeront, au niveau des circonscriptions électorales, de l’exécution des différentes opérations de la révision exceptionnelle des listes électorales. Ces opérations visent, essentiellement, les jeunes citoyens sénégalais qui auront dix-huit (18) ans révolus à la date du scrutin, mais aussi, tout autre citoyen remplissant les conditions requises et qui n’a pas encore sacrifié à cette formalité de s’inscrire sur les listes électorales. Elles permettront également de procéder à la correction de toutes les erreurs matérielles constatées après l’édition des cartes issues de la refonte partielle.
La révision exceptionnelle des listes électorales permet également de refaire et surtout de renouveler la carte électorale et le fichier électoral. Car il y a toujours des électeurs qui souhaitent changer leur lieu de vote. Et jusqu’à présent aucune commission administrative n’a vu le jour. Mieux, de nombreux citoyens qui n’avaient pas pu accomplir leur devoir citoyen lors de la présidentielle passé, faute de carte disponible, sont toujours à la recherche de leur carte d’électeur biométrique.
Mais ce n’est pas seulement le retard dans la révision exceptionnelle des listes électorales qui fait que le scrutin ne se tiendra pas à date échue. Le parrainage également constitue un obstacle insurmontable à la tenue du scrutin à la date du 1e décembre prochain. En effet, la collecte des parrainages citoyens en vue de la présidentielle du 24 février 2019 avait démarré le lundi 27 août 2018, soit six mois avant le scrutin. Les candidats avaient alors jusqu’au 26 décembre, soit six mois, pour récolter le nombre de signatures requises, validées ensuite par le Conseil constitutionnel. Alors que nous sommes à six mois du scrutin local et jusqu’à présent les fiches de collecte et les modalités ne sont pas encore publiées au journal officiel. Mieux, les partis politiques sont actuellement en discussions pour voir si le parrainage sera maintenu pour les locales ou annulé. Et jusqu’à présent il n’y a pas de consensus. Mieux, le Pds s’oppose à la prorogation du mandat des élus locaux et réclame surtout le maintien du parrainage. «En dépit de l’opposition quasi-unanime de nos partis, Macky Sall avait maintenu le système du parrainage citoyen à la présidentielle, pour éliminer, de manière illégitime des candidats bien ciblés. Le Pds prend acte du maintien du système de parrainage pour les prochaines élections locales et exige du gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que les partis puissent suivre et évaluer le processus du parrainage au niveau des préfectures et sous-préfectures, conformément aux dispositions pertinentes de la loi, en incluant les listes concernées dans l’ensemble du processus», lit-on dans un communiqué. Ainsi, on le voit, les positions sont divergentes dans le cadre du dialogue politique. Et en cas de consensus, les propositions issues de ce dialogue politique seront transmises au ministre de l’Intérieur, ensuite au chef de l’Etat et enfin à l’Assemblée nationale pour leur vote et leur traduction en loi. Après le vote des députés, le président de la République Macky Sall devra ensuite prendre des décrets d’application pour leur opérationnalisation et leur inscription sur le code électoral et la constitution. Et tout cela risque de prendre des mois. «Au moins trois mois vont s’écouler entre la fin du dialogue politique, l’acheminement et le vote par l’Assemblée nationale des consensus», explique un spécialiste.
Charles Gaïky DIENE