Ils étaient venus de plusieurs coordinations pour assister au meeting de remobilisation du Ps dans le Département de Rufisque. Mais tous ceux qui se sont succédés au micro ont peint un tableau très sombre du parti, allant jusqu’à accuser certains ministres de vouloir s’accaparer des postes en tenant Ousmane Tanor Dieng en otage.
Dernier bastion du Ps dans la région de Dakar, la 28éme coordination de Yéne se rebelle contre Ousmane Tanor Dieng. Gorgui Ciss et ses amis du Ps s’insurgent contre la gestion du parti. Pour le président de la Coordination et membre du Bureau politique, il est temps de revoir les cartes. «Nous devons bannir le militantisme de salon ou le militantisme virtuel à travers les réseaux sociaux mais également le tourisme électoral si nous voulons revenir au pouvoir. Il faut également que nous gérions au mieux possible la dévolution des responsabilités politiques et administratives synonyme de crise et souvent de tensions. Il faut que nous apprenions à mieux les gérer pour éviter des départs éventuels», avertit le patron du parti dans le Département de Rufisque. Le professeur Gorgui Ciss croit que c’est la seule manière de lutter contre la débâcle et endiguer la saignée dans les rangs du Ps.
Depuis la formation du dernier gouvernement, les socialistes du département font dans la contestation. Cette fois ci, c’est le patron du Ps dans le département qui a élevé la voix pour dénoncer la manière dont les socialistes choisissent leurs ministres dans le gouvernement de Macky Sall. «Il faut appliquer le système de rotation dans la distribution des postes de responsabilité», indique Gorgui Ciss à la direction du Parti socialiste. Cette sortie du Maire de Yéne sonne comme un avertissement à l’endroit de la direction du Ps et de Ousmane Tanor Dieng.
Au cours du meeting de Yéne, ces socialistes sont décidés à faire changer le fonctionnement du parti. Ce sont de membres du politique venus de plusieurs localités du pays Dakar, Kolda, Thiès, Mbour, Ziguinchor, Fatick devant des centaines de militants, qui ont fait le procès de leur formation politique. El Hadji Daouda Ndione, qui parlait au nom des secrétaires généraux de section de la commune de Yène n’a pas caché son amertume. «Deux à trois personnes se sont accaparées le Parti socialiste et l’ont pris en otage. Ils se servent du travail des autres alors qu’ils n’apportent rien au parti, ce qui n’est pas normal», dira le bras droit de Gorgui Ciss. Des piques adressées indirectement aux ministres Serigne Mbaye Thiam et à Aminata Mbengue Ndiaye qui ne sont pas nommément cités.
L’affaire Khalifa Sall s’est aussi invitée au débat. Et c’est Bacary Bassène, le Secrétaire général de l’Union régionale de Ziguinchor qui demande sa libération. «Le parti socialiste est en danger, le Parti socialiste a un malaise, il est en difficulté depuis la formation du nouveau gouvernement. Le rassemblement de toutes forces du Ps est urgent. Ce que nous voulons, c’est rassembler le parti et le camarade Ousmane Tanor Dieng veut ce rassemblement pour que nous allions à la conquête du pouvoir en 2024», dira le responsable socialiste de Ziguinchor qui dénonce le silence du Ps dans cette crise qui secoue le pays depuis un mois. «Le Ps doit se tenir debout pour demander la libération de Khalifa Sall. Il est temps sinon ça deviendra de l’injustice. Ça suffit», martèle-t-il devant des centaines de militants en délire. Il sera suivi par le Secrétaire général de l’Union communale de Diass, Saliou Ciss qui peint un tableau sombre de sa formation politique, qui selon lui, est dans l’œil du cyclone. «Le Ps est à la croisée des chemins. Nous devons réclamer la justice et l’équité dans le parti. Mais le premier geste doit être la libération de Khalifa Sall», dira M. Ciss.
Déjà le professeur Gorgui Ciss a sonné l’alerte en affirmant que le Parti socialiste est en baisse de forme et qu’il a connu une nette régression depuis la perte du pouvoir en 2000. «Ce qui s’est accentué après son retour aux affaires en 2014 avec la coalition Benno bokk yakaar. Depuis notre retour aux affaires, notre parti montre des signes de faiblesse car tous les indicateurs qui permettent de mesurer la vitalité d’un parti sont en régression. En 2001 nous avions un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale avec onze députés. En 2012, nous avions eu 20 députés. Actuellement, nous ne comptons que 16… Nous sommes passés de 130 maires socialistes en 2009 à moins de 30 maires en 2014. La campagne de vente des cartes est effective depuis plus d’un an comme indiqué par le secrétaire général Ousmane Tanor Dieng. Or, nous peinons à atteindre le cap des 300 mille cartes pour nous retrouver en deçà des 155 mille cartes», constate le chargé des relations internationales au Ps.
Najib SAGNA