L’échec enregistré par le gouvernement dans le retrait des enfants de la rue et de la lutte contre la mendicité a des explications. La Direction de la protection des droits de l’enfant du ministère de la Femme s’en est expliquée, le week-end dernier à Dakar, à l’occasion de la première édition du festival pour enfance initié par la Raddho.
Le gouvernement avait lancé en grande pompe ses programmes de retrait des enfants de la rue. Mais c’était sans résultats probants. L’initiative s’est soldée par un échec connu de tous. Directeur de la protection des droits de l’enfant du ministère de la Femme, Niokko Baye Diouf reconnait l’échec des autorités publiques sur cette question. «Les lois sont insuffisamment appliquées. Le gouvernement a lancé à deux reprises un plan qui consistait à éradiquer la présence des enfants dans les rues, par décision du chef de l’Etat. Nous avions à l’époque incriminé des personnes pour des délits d’exploitation économique commis sur les enfants», reconnait-il. C’était le week-end dernier, à l’occasion de la première édition du festival pour enfance initié par la Raddho, coïncidant avec la Semaine nationale de la protection de l’enfance. L’occasion a été saisie pour M. Diouf pour ajouter, à titre de recommandation, que «la mise en œuvre de ces plans doit impliquer tous les acteurs de la société civile et des défenseurs des droits humains. C’est une question de responsabilité politique».
La Rencontre africaine pour la défense des droits humains (Raddho) adopte une autre stratégie. Il s’agit de mener une démarche inclusive qui aura un apport significatif sur la lutte contre la mendicité et l’exploitation économique des enfants. «C’est pourquoi nous avons mobilisé le volet culturel, à travers des artistes que sont des chanteurs, des comédiens, des rappeurs. Nous voulons les utiliser comme relais pour porter le message en direction du grand public. C’est pour concerter les actions et harmoniser les pratiques entre l’Etat, la société civile et les acteurs qui s’activent dans l’éducation coranique. Toutes ces personnes sont aujourd’hui appelées à renforcer leurs actions pour arriver à bout la lutte contre la mendicité forcée des enfants», a fait savoir le week-end dernier Sadikh Niass, Secrétaire général de la Raddho.
Selon M. Niass, ce festival permettra de mobiliser l’ensemble des acteurs qui s’intéressent à la protection des droits des enfants, afin d’arriver à faire le plaidoyer pour qu’ils soient complétement retirés de la rue. A en croire toujours Sadikh Niass, les résultats obtenus par l’Etat du Sénégal en ce sens sont mitigés. Pour lui, il ne suffit pas seulement de voter des lois, mais il faut des mesures d’accompagnement. «Si les principaux concernés ne sont pas suffisamment sensibilisés, responsabilisés, au niveau le plus bas, jusqu’au plus haut, on ne pourra pas parvenir à avoir des résultats probants. C’est pourquoi nous avons choisi cette façon de sensibilisation pour atteindre nos cibles. C’est-à-dire les maitres coraniques, les chefs religieux, les leaders d’opinion, la société civile, etc.», explique le patron de l’organisation en question spécialisée dans la défense et la promotion des droits humains. Avant d’ajouter : «Le recours à la musique n’est pas un paradoxe. Elle n’est qu’un médium pour atteindre, non seulement les maîtres coraniques, mais aussi des jeunes. Les enfants doivent s’exprimer. Sans leur implication, on ne pourra rien faire».
Salif KA