Les tenants du pouvoir ont très mal accueilli le rapport de la mission d’observation électorale de l’Union européenne. Se focalisant sur la recommandation qui parle du système de parrainage, Aminata Touré, Aly Ngouille Ndiaye et autres sont montés au créneau pour rappeler que le Sénégal est un pays indépendant. Seulement, pendant qu’ils faisaient feu sur la mission européenne, Macky SALL attendait à Bruxelles d’être reçu par Jean-Claude Juncker.
Au pays de Macky Sall, il est devenu difficile de dire ce qu’on pense. « Si la procédure du parrainage-citoyen peut être justifiée dans son principe pour l’élection présidentielle, son application aux élections locales pose des problèmes politiques et organisationnels sérieux, et est attentatoire aux droits fondamentaux ». Pour avoir porté ce jugement, la mission d’observation électorale de l’Union européenne s’est attirée les foudres du régime. C’est d’abord Aly Ngouille Ndiaye, en termes très peu diplomatiques, qui s’en est pris frontalement à la mission dirigée par Elena Valenciano. «Cette recommandation va au-delà de l’objet pour lequel l’observation électorale a été effectuée en ce qu’elle dépasse le cadre de l’élection présidentielle… Le parrainage a existé depuis fort longtemps dans notre législation. Elle a juste fait l’objet d’une extension aux partis et coalitions de partis politiques et aux élections locales pour des besoins de rationalisation face à une inflation progressive des candidatures. C’est en toute souveraineté que cette extension a été faite par le peuple sénégalais à travers la représentation nationale. Toute modification ultérieure sera le fait du peuple sénégalais souverain dans les mêmes formes», écrit Aly Ngouille Ndiaye. Le ministre de l’Intérieur se garde de préciser que la représentation nationale adoptait « cette extension » pendant que les forces de l’ordre gazaient des manifestants.
Emboitant le pas d’Aly Ngouille Ndiaye, Aminata Touré est également montée au créneau pour défendre la pertinence du système de parrainage. « Sans le parrainage, il aurait été impossible d’organiser l’élection présidentielle dans des conditions normales avec plus de 100 candidats à la candidature. Sans élections correctement organisées, c’est la porte ouverte à tous les risques d’instabilité », déclare la présidente du Conseil économique social et environnemental (Cese). Indiquant avoir elle-même conduit de nombreuses missions d’observation d’élections présidentielles en Afrique, l’ancien Premier ministre d’estimer « que les observateurs n’ont pas vocation à faire changer les lois votées par des pays souverains ».
Pour Aly Ngouille Ndiaye et Aminata Touré, qui étaient ravis de l’audit du fichier électoral sénégalais financé par l’Union européenne, il faut rappeler aux missionnaires de l’UE que le Sénégal est un pays indépendant. Seulement, pendant qu’ils tiraient sur la mission que l’Etat a invitée, Macky SALL était entre les bureaux de Jean-Claude Juncker, Président de la Commission l’Union européenne, et d’Anna Cecilia Malmström, Commissaire européenne au Commerce. En effet, prenant part à la 13e édition des Journées européennes du développement, à Bruxelles, la capitale belge, Macky Sall, loin des velléités de souveraineté de ses subordonnés, a fait la navette entre les bureaux des dirigeants européens.
Mame Birame WATHIE