Le gouvernement est dans une impasse budgétaire. Malgré l’adoption par l’Assemblée nationale d’un budget de 4 071 milliards de francs Cfa pour l’année 2019, les grands projets de l’Etat sont à l’arrêt. Pourtant, il fallait s’y attendre après les mises en garde des institutions financières internationales sur la situation économique du Sénégal.
Les caisses de l’Etat sont-elles vides ? La question à toute son importance si l’on se fie à l’arrêt de nombreux projets du gouvernement à travers le pays. Une situation annoncée plusieurs fois par des partenaires techniques et financiers. A chaque revue de la coopération, les partenaires techniques et financiers de l’Etat se plaignent des retards dans l’exécution des projets. Lesquels sont induits par le non-paiement de la contrepartie de l’Etat. À l’époque, l’argentier de l’Etat, Amadou Bâ, avait tenté de justifier ce manquement en disant qu’il s’agissait d’une situation voulue par l’Etat. Quelques mois après son départ, la vérité sur la situation financière réelle du Sénégal commence à faire jour. En réalité, l’Etat traverse de graves difficultés financières. D’ailleurs, selon Ousmane Sonko, leader du parti Pastef, il y a un gap financier de près de 100 milliards de francs Cfa. Ce qui constitue une manne financière énorme pour le Sénégal. D’aucuns diront que c’est à cause de ces difficultés que le chef de l’Etat, Macky Sall a jugé nécessaire de supprimer le poste de Premier ministre. Car, il s’agit là aussi d’un poste budgétivore. En début de semaine, il a été fait état de l’arrêt des travaux du Train express régional (Ter), un projet qui aurait coûté près de 1 000 milliards de francs Cfa selon les calculs de l’opposition alors que le gouvernement se perd dans ses chiffres et tirant un loin train d’intox sur l’estimation réelle du coût.
Ces difficultés financières ont fini par porter le stock de la dette intérieure à près de 1000 milliards de francs Cfa, selon certains. Et, la sortie du ministre des Infrastructures terrestres et du désenclavement, Oumar Youm, tonne comme une bombe. En effet, il confirme les difficultés financières de l’Etat que le gouvernement a maintes fois nié en bloc. Cela, en snobant les mises en gardes répétitives de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Ces institutions financières internationales ont plusieurs fois attiré l’attention du gouvernement sur ses politiques économiques. En retour, aucune mesure drastique n’a été prise par les autorités étatiques pour stopper l’hémorragie économique du pays. Au contraire, l’Etat s’arrange toujours pour trouver une réponse aux inquiétudes soulevées par ces partenaires techniques et financiers. Pis, les gouvernants ont préféré poursuivre sur le mauvais chemin. Ainsi, la sortie de M. Youm ne sera pas une surprise pour certains bailleurs de fonds du pays. «La Vdn prolongée devient une autoroute à péage dès que le problème du financement du dernier tronçon sera résolu, le Ter ne pourra pas être opérationnel avant 2020», a reconnu le ministre Youm. Pourtant, même la Directrice des opérations de la Banque mondiale, Louise Cord avait prévenu le gouvernement sur la non rentabilité du projet Train express régional. En clair, depuis 2012, le gouvernement est dans le tâtonnement économique. La croissance de 6 ou 7% chantée sur tous les toits du monde n’est pas inclusive. Pis, elle est exportée par les multinationales françaises. Donc, ne promet pas une transformation structurelle de l’économie nationale comme soutenu dans le Plan Sénégal émergent, nouveau référentiel des politiques économiques du pays après le Yonni Yukkuté.
Adama COULIBALY