Obligé de faire bona-figura lors de la visite de chantier du Train express régional (Ter) par Macky Sall le week-end écoulé, Gérard Senac, Pdg de Eiffage Sénégal, n’a sans doute pas manqué de sensibiliser le chef de l’Etat sur la lourde dette de l’Etat envers son entreprise. Laquelle est en train de tuer à petit feu ses sous-traitants qui n’ont ni boulot, à cause du blocage des chantiers, et ne voient pas la couleur de leur argent.
Le Trésor public tire un long train d’impayés. Pour tenter de calmer les dégâts de l’affaire Petro-tim, le chef de l’Etat a initié des visites de terrain. Ce qui est très bien pour des chefs d’entreprise qui veulent une polémique sur la dette intérieure qui crève le plafond. Ainsi, il a commencé par son chantier sur le Train express régional (Ter). Inauguré avant l’élection présidentielle qui a consacré la reconduction de son pouvoir, Macky Sall a trouvé un chantier bloqué par les arriérés de paiement de son gouvernement. En effet, comme nous vous l’indiquions dans notre édition de vendredi dernier, l’Etat doit entre 500 et 1 000 milliards de francs Cfa aux entreprises sénégalaises. Et Eiffage, qui pilote ce Ter avec d’autres sociétés, a dans cet endettement abyssal, nous dit-on, une ardoise de 100 millions d’euros, soit un peu plus de 65 milliards de francs Cfa. Pourtant, le gouvernement de Macky Sall s’est vanté partout d’un budget de 4 071 milliards de francs Cfa. Lequel avait poussé certains laudateurs du pouvoir à «pincez tous koras et balafons» pour claironner que le «Sénégal a de l’argent».
Si Eiffage-Sénégal tente de tenir encore le coup, tel n’est pas le cas de ses sous traitants qui sont presque tous morts ou font tout pour survivre. Les chantiers à l’arrêt, ces derniers n’ont pas de travail et ne voient pas la couleur de leur grisbi.
Malgré une signature AAA au niveau des banques, Eiffage commence à avoir des problèmes au niveau des banques. Déjà la Société générale a décidé de ne plus le suivre sur certains projets tant qu’elle n’aura pas épongé ce qu’elle lui doit.
Ainsi, les risettes de Gérard Senac à Macky à la gare de Dakar, le week-end, cachaient mal la disette de sa société de Btp asphyxiée par cet impayé de l’Etat qui fait désormais dans le bonneteau budgétaire pour gérer certaines charges, la présidentielle étant passée par là. Du coup, les régies financières tapent grave sur les rares entreprises qui paient au moins pour mettre quelque chose dans les caisses.
Cette situation des finances publiques est inquiétante pour un Etat qui a osé lancer des projets d’envergure comme le Ter et qui a bénéficié de promesses records lors de son dernier Groupe consultatif à Paris en décembre dernier. Même si ces milliards sont étalés sur cinq. En effet, le fait que le Trésor ne suit pas montre que les montages financiers n’étaient pas bons et ont été faits juste pour donner un os à rogner à l’opinion publique à la veille du scrutin du 24 février dernier.
Aujourd’hui, toute cette énergie utilisée pour tenter d’éteindre le feu de la British Broadcasting Corporation (Bbc) devrait servir à trouver de l’argent pour continuer le Ter. Surtout que le gouvernement sénégalais a beaucoup de peine dans ce domaine par ces temps qui courent. Abdoulaye Daouda Diallo est allé jusqu’à Tokyo, avec escale à Paris, mais est rentré bredouille. Pis, il s’est même vu indiquer les guichets du Fonds monétaire international. Laquelle institution de Bretton Wood’s attend le Sénégal de pied ferme sur certaines réformes, notamment l’énergie, avant de lui favoriser quelques décaissements ailleurs puisqu’elle n’a pas en ce moment un programme de décaissement avec le pays mais plutôt un programme de conseil dans le cadre de l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe).
Seyni DIOP