Les investisseurs étrangers et bailleurs de fonds vont tourner le dos au Sénégal suite aux révélations de la chaine BBC, sur les transactions pétrolières entre Frank Timis et la firme britannique BP. Un expert financier évoque les conséquences néfastes que peut avoir une telle affaire.
La crédibilité du Sénégal au niveau international a pris un sérieux coup à cause de la présumée affaire de corruption révélée par la chaine britannique BBC, sur une transaction pétrolière entre la firme anglaise British Petroleum, l’homme d’affaire roumain, Franck Timis et Aliou Sall, frère du président Macky Sall. C’est du moins l’avis de Mouhamed Dia, expert financier d’origine sénégalaise, établi aux Etats Unis.
Mouhamed Dia regrette toutefois le fait qu’Aliou Sall paraisse «intouchable». «Tant que son frère est président, Aliou Sall n’est pas menacé», explique-t-il.
Mais ce soutien indéfectible de Macky Sall qui, à l’occasion de la fête de la Korité, s’est dressé en bouclier de protection contre les hommes politiques, la société civile et les citoyens qui réclament la démission de son frère Aliou Sall, sera dommageable à l’économie sénégalaise.
«Ce que le Président Macky Sall perd dans ce scandale, poursuit Mouhamed Dia, c’est non seulement sa crédibilité mais ses partenaires économiques».
Revenant sur les promesses d’investissements que le président Macky Sall avait obtenu au Groupe consultatif de Paris, Mouhamed Dia se dit pessimiste quand à leur concrétisation et évoque le doute qui pourrait naître dans la tête des bailleurs de fonds.
«On lui [Macky Sall, Ndlr] a proposé des milliards, et le Groupe consultatif de Paris lui a donné des milliards. Cependant, il n’a pas encore reçu cette somme, ce qui montre qu’en ce moment même, ils sont allé prendre 50 milliards du marché régional parce qu’il n’y a pas d’argent disponible dans les caisses de l’Etat», ajoute-t-il.
A titre de rappel, à la dernière rencontre du groupe consultatif de Paris, en décembre 2018, le président sénégalais espérait 2850 milliards de francs Cfa (4,9 milliards de dollars) des bailleurs de fonds pour le financement de la phase 2 du Plan Sénégal émergent (PSE) étalée sur la période 2019-2023.
Mais il en était revenu encore plus satisfait parce qu’il avait finalement obtenu de engagements pour 14 milliards de dollars.
C’est donc le privé sénégalais qui est actuellement à l’agonie qui, selon toute vraisemblance, devient le plus gros perdant. Et cette situation aura des dommages collatéraux dans d’autres secteurs de l’économie.
«Concernant les multinationales dont on parle souvent, qui doivent venir investir au Sénégal, ils ne viendront pas parce que cette ère d’injustice, cette perception de corruption, cette perception du jeune frère du président impliqué dans les affaires de l’Etat pose problème», conclut-il.
Pour nombre de Sénégalais, leur pays avait eu son lot de scandales sous le président Abdoulaye Wade, mais ceux-ci ont pris des proportions inquiétantes avec l’arrivée de Macky Sall.
Le360Afrique