Le dialogue qui s’ouvre ce mardi 28 mai risque encore de tourner à l’aigre. Aujourd’hui, le personnel politique doit mobiliser les énergies individuelles vers le projet collectif qui est l’émergence réelle du Sénégal. Et pour y arriver, les discussions doivent non pas servir à fixer de nouvelles règles du jeu politique mais être focalisées sur le domaine de définition économique qui transcende les hommes à la tête du pays.
Ce mardi, Macky Sall, va entamer des discussions à bâtons rompus avec une partie de la classe politique sénégalaise. Des pourparlers qui risquent encore de permettre la classe politique de débattre de manière sympathique sur la redéfinition des règles de leur jeu. Et va certainement éluder la question essentielle de l’économie, la seule qui peut permettre aux entreprises d’offrir de l’emploi à ces milliers de jeunes demandeurs qui frappent à leurs portes chaque année.
Lancer un autre dialogue politique en si peu de temps est assez paradoxal pour un pays qui a une solide tradition de démocratie et où on vote depuis près de deux siècles.
Aujourd’hui, le vrai dialogue qu’il nous faut, c’est un dialogue économique comme vient de le dessiner l’architecte Pierre Goudiaby Atepa dans le cadre du lancement du projet «la Nouvelle route de l’acier et de aluminium». Cet ex-candidat déclaré à la Présidentielle du 24 février dernier, recalé au parrainage citoyen, montre ainsi que la chose la plus essentielle pour les Sénégalais est le processus d’émergence dont on leur a tant vendu le rêve. En effet, maintenant que le pays a déjà une vision d’émergence, concoctée par nos vaillants fonctionnaires avec la caution du cabinet McKinsey, sanctionnée positivement par les électeurs à travers la reconduction du pouvoir de Macky Sall, les acteurs politiques doivent réfléchir sur la manière de l’enrichir et de la corriger pour la parfaire.
Avoir une vison économique, partagée par les acteurs politiques pousse la nation à être d’accord sur le cap et à éviter un éternel recommencement en cas de changement de régime dans 5 ans. Ce qui s’apparenterait à une sacrée perte de temps que l’économie sénégalaise ne peut se permettre. Car, l’économie c’est la longue durée. Et, en 2024, nous serons dans le processus d’émergence depuis 12 ans. Ce qui correspondrait à la moitié du chemin qu’il nous resterait pour l’atteindre, selon Macky Sall.
Ainsi, après l’agitation politicienne, il faut aller à l’essentiel. Parce que, les Sénégalais ont trop laissé le personnel politique joué sur leur sort alors qu’ils savent comment organiser une élection, dégager ou installer un président de la République. Dans tous les pays qui ont émergé, que ce soit la Chine, la Malaisie ou encore Singapour, la classe politique a au moins une sorte de convergence de points de vue et de consensus sur les fondamentaux qui doivent mener à ce mieux-être, tant mérité par ce peuple sénégalais.
Aborder les vraies questions dans ce dialogue du 28 Mai, c’est se dire que le Sénégal a atteint le nirvana politique et que ce qu’il lui faudrait maintenant c’est le nirvana économique. Et que son élite politique doit s’accorder sur les fondamentaux économiques qui doivent mettre la patrie sur les rampes du développement. Car, depuis quelques années, le Sénégal est mieux loti que bon nombre de pays de sa sous-région en matière de croissance économique. Mais, il tarde à profiter de cet avantage comparatif.
Ce qui est plus choquant dans tout cela, c’est qu’il est inconcevable de voir un pays qui dispose de profils extraordinaires dans le secteur privé, qui rayonnent partout à travers le monde, de toute l’intelligence de gens comme les anciens Premier ministres et de n’utiliser cette matière grise qu’à des questions bassement politiciennes. C’est un véritable gâchis pour le pays qui parle tous les jours de dialogue politique et donne l’impression qu’il est en crise.
Macky Sall, qui entame son deuxième et dernier mandat (en principe) est politiquement affranchi de tout chantage et de toute pression politiciennes, a un boulevard pour occuper une place de choix dans notre histoire s’il rend le processus d’émergence irréversible grâce à la croissance continue mais surtout au consensus sur l’objectif.
Seyni DIOP