A l’instar de la communauté internationale, le Sénégal a célébré, hier, la Journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale. Occasion pour Dr Issa Labou, chirurgien urologue à l’hôpital Général de Grand-Yoff, de révéler que 200 à 400 nouveaux sont répertoriés chaque année dans notre pays.
Maladie très gênante et peu connue, la fistule obstétricale est en train de faire des ravages chez les femmes. «Il n’y a pas encore une étude exhaustive qui permet de donner des chiffres exacts. Mais nous estimons, aujourd’hui, entre 200 et 400 femmes le nombre de femmes atteintes», renseigne Dr Issa Labou, chirurgien urologue à l’hôpital général de Grand-Yoff. C’était, hier, en marge de la Journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale. Selon Dr Labou, la situation est presque la même dans beaucoup de pays au Sud du Sahara. Pour le spécialiste, la fistule obstétricale est un indice du niveau de développement d’un pays. Parce qu’elle ne survient que dans les pays pauvres. Dans le monde, il y a, au moins, 2 millions de femmes qui souffrent de cette maladie. Chaque année, au moins, 50 voire 100 mille nouveaux cas se greffent à ceux qui existaient déjà. Il plaide la sensibilisation pour que d’autres fistules ne se constituent pas.
Actuellement, à l’hôpital de Grand-Yoff, le traitement est routinier. Chaque jour, des femmes envahissent la structure sanitaire pour subir des opérations. Malheureusement, à l’intérieur du pays, les femmes attendent toujours les soins. Ce qui est regrettable, dit-il. D’où l’organisation de cette journée pour lancer un appel aux autorités afin qu’on arrive à ce que toutes les femmes soient réparées là où les fistules se sont constituées. «La cause de la maladie, c’est seulement la non-assistance à la femme enceinte pendant l’accouchement. Soit le travail a duré longtemps avant que la patiente ne puisse accoucher ou bien la prise en charge a tardé», selon l’urologue. Il y a, cependant, des facteurs qui favorisent la fistule. «Il s’agit des mariages précoces, des mutilations génitales féminines et du fait que les structures de santé sont financièrement ou géographiquement inaccessibles aux femmes enceintes», indique-t-il.
Ministre de la Femme et de la Famille, Ndèye Saly Diop Dieng estime que c’est une maladie qui est très gênante parce que la femme qui est atteinte de la pathologie est souvent exclue de la société. Pour elle, il est important que le processus de la promotion et d’amélioration de la condition féminine soit remis sur la table. Ce, pour que tous ces fléaux qui gangrènent le développement de la femme soient mis hors du circuit. «Des centaines de milliers de femmes et de filles dans le monde ont contracté la fistule suite à un accouchement difficile ou prolongé avec souvent pour conséquence une incontinence chronique. Ces femmes sont confrontées à la honte, à l’isolement, à la ségrégation et font face à une stigmatisation sociale dévastatrice », constate-t-elle. «La fistule est une injustice sociale qui découle, entre autres, de la pauvreté. Le coût est souvent inaccessible. La fistule est une grave violation des droits humains fondamentaux. Pourtant elle est évitable et traitable», ajoute Cécile Compaoré Zoungrana, représentante résidente de l’Unfpa au Sénégal. Elle invite les autorités à agir sur les facteurs favorisants, à savoir les inégalités de genre, la pauvreté, les mariages précoces, le faible accès et l’utilisation tardive des services de santé sexuelle.
Samba BARRY