Un cadeau «empoisonné ». En cédant à l’une des revendications du Frn et surtout des quatre candidats malheureux à la dernière élection présidentielle, Macky Sall semble être dans une logique d’isoler le Pds et le camp de Khalifa Sall des autres formations politiques, membres du Frn.
Les partis de l’opposition radicale regroupés autour du Front de résistance nationale (Frn), vont diversement apprécier la concession que leur a faite le président de la République. Lors de la rencontre d’hier entre la majorité et les non-alignés, le gouvernement s’est engagé à créer une commission cellulaire dirigée par une personnalité neutre. Un cadeau «empoisonné» qui risque de saper leur unité. En effet, le pouvoir semble être dans une logique de division de l’opposition. En cédant à l’une des revendications du Frn et surtout des quatre candidats malheureux à la dernière élection présidentielle, Macky Sall semble être dans une logique de division pour isoler le Pds et le camp de Khalifa Sall des autres formations politiques, membres du Frn.
Il satisfait ainsi la principale doléance d’Idrissa Seck, Issa Sall, Madické Niang et Ousmane Sonko. En effet, réunis mardi dernier, ces quatre candidats malheureux à la présidentielle affirmaient leur adhésion totale à la position exprimée par le Front de résistance nationale (Frn) consistant à exiger une concertation «sincère et constructive, menée sous la conduite d’une Commission cellulaire, composée de plusieurs personnalités crédibles et neutres».
Porte-parole de Rewmi, Daouda Bâ, cité par Seneweb affirme que leur principale condition a été acceptée et il n’y a plus de raison de boycotter le dialogue. «Pour un dialogue sincère, bien organisé, il fallait une commission neutre cellulaire avec un modérateur et un pilote », dit-il.
Cependant, hier, lors de cette rencontre, le camp du pouvoir n’a rien dit sur l’amnistie de Karim Wade ou la révision de son procès et la libération immédiate de Khalife Sall. Or, ces revendications sont les conditions sine qua none de ces deux formations politiques (Pds et Khalifistes). A cela, il faut ajouter la récusation du ministre de l’Intérieur par Abdoulaye Wade. En effet, le 9 mai dernier, Barthélémy Dias posait comme condition l’amnistie de Karim Wade et de son leader Khalifa Sall. Le même jour, Abdoulaye Wade affirmait la même chose dans un communiqué. «Le Pds rappelle également que sa participation au dialogue politique est conditionnée par la libération immédiate de Khalifa Sall et par la révision du procès de Karim Wade», avait écrit le Pape du Sopi. Il ajoutait également qu’il n’est «pas acceptable» que cette réunion soit présidée par Aly Ngouille Ndiaye. Selon lui, Aly Ngouille Ndiaye est d’abord disqualifié du fait de son implication dans les scandales économiques et financiers Mittal et Petrotim qui ont fait perdre plus de 5 000 milliards de FCfa au Sénégal et qui auraient certainement pu éviter le chaos économique et social dans lequel le Sénégal va être plongé avec l’augmentation prochaine des prix. «Aly Ngouille Ndiaye est surtout totalement disqualifié pour présider une telle rencontre car il a été le maître d’œuvre de la fraude électorale massive qu’il a annoncée devant la presse et l’opinion en affirmant haut et fort qu’il avait été nommé ministre de l‘Intérieur pour faire gagner son patron Macky Sall», avait-il conclu. Reste maintenant à savoir si l’opposition pourra surmonter cet écueil.
Charles Gaïky DIENE