La haute hiérarchie mouride a manifestement fait preuve de dextérité dans la gestion des dossiers brûlants concernant Cheikh Béthio THIOUNE.
Elle n’a pas voulu laisser transparaître une seule forme de dissension dans le haut commandement religieux.
Si en effet, le Cheikh des Thiantacounes a toujours jouit d’une relative autonomie, surtout depuis le rappel à Dieu de Serigne Saliou Mbacké, il n’en demeure pas moins que Touba veille au grain.
Si au niveau du Clergé mouride, aucune déclaration officielle n’a été enregistrée sur l’affaire du double meurtre de Madinatoul Salam, où le Cheikh a finalement été condamné, c’est que Touba a voulu montrer la nette démarcation entre le spirituel et le temporel et affirmer son attachement aux valeurs républicaines et à l’État de droit.
N’empêche, quand il s’est agi de choses purement religieuses, Touba s’est signalé en réaffirmant l’appartenance de toutes les unités qui dépendent d’elle à la haute hiérarchie.
C’est pourquoi, quand la question récurrente de l’inhumation s’est posée, le Khalife général des Mourides a rendu public un ndiguel (fatwa) qui ne saurait souffrir d’aucune contestation.
Le Cheikh repose désormais à Touba.
Même s’il est vrai qu’il ne pouvait pas ignorer la dernière volonté du guide des Thiantacounes d’être inhumé à Madinatoul Salam, Touba s’est trouvé en face d’une équation qui n’est pas nouvelle : Les cheikh affidés à la confrérie doivent-ils être inhumés dans leurs fiefs d’origine ou à Touba.
Nous savons en effet que beaucoup d’entre eux ont été inhumés à Touba et que cette décision n’a pas toujours acquis l’unanimité.
Mais, il y a dans cette démarche, des implications d’ordre religieux, social, religieux.
Pour beaucoup d’observateurs, il serait maladroit de créer d’autres pôles de convergence ou de ralliement que Touba. La ville sainte est le point d’attraction religieuse unique et cela ne saurait changer.
Et au regard de la force thiantacoune, le risque était grand que Madinatoul Salam profite trop de la réputation de Cheikh Béthio.
A propos de sa succession, ce n’est pas la première fois que Touba intervient pour remettre de l’ordre dans les rangs des Thiantacounes.
En effet, quand Cheikh Bethio avait fait « Cheikh » une de ses épouses, la haute hiérarchie mouride était intervenue pour mettre un terme à cela et le marabout avait abdiqué.
Aujourd’hui, également, contrairement au souhait de certains disciples, il n’est pas question, pour Touba, de laisser une des épouse du Cheikh diriger les Thiantacounes.
C’est son fils aîné, Serigne Saliou Thioune, qui a été désigné pour lui succéder. Et tout le monde devra s’y confirmer.
Bien sûr, d’autres foyers de tension ne vont pas manquer à propos de la succession, mais si Touba contenue à veiller au grain, les conflits pourront être évités.
Ce qui est sûr, c’est que Touba a fait preuve d’autorité et de dextérité dans cette affaire complexe à plusieurs implications.
Si la hiérarchie mouride n’était pas si réfléchie et perspicace, une implosion sera notée et même des conflits ouverts enregistrés.
Rewmi