Au rythme où l’on va, si le président de la République ne revoit pas sa position envers les travailleurs qui sont de plus en plus déçus des centrales syndicales, il risque d’avoir une implosion sociale. Comme à l’image des gilets jaunes en France. L’alerte émane de l’Organisation des instituteurs du Sénégal/Rénovation démocratique (Ois/Rd), structure syndicale enseignante. «Il risque d’avoir des gilets rouges au Sénégal avec les actes posés par l’Etat et le patronat qui appauvrissent les travailleurs dans le silence des centrales syndicales dites représentatives», avertit le secrétaire général de l’Ois/Rd, Magatte DIOP.
Il se dit déçu de la sortie récente du chef de l’Etat concernant les acquis des travailleurs et la remise en cause de toute hausse de salaire. «Il y a une contradiction entre les accords signés et les actes posés par le chef de l’Etat qui doit rectifier le tir. Puisque, c’est lui en personne qui avait pris l’engagement en 2017 de revisiter tous les accords signés avec les enseignants pour ensuite décliner ses possibilités à travers une signature qui a une valeur juridique. Donc s’il revient pour se contredire et remettre en cause ces accords signés, il y a problème. Ce qui fait qu’aujourd’hui, les enseignants sont tous frustrés», fait-il savoir.
Autre manquement dénoncé, c’est le silence coupable des centrales syndicales. «Nous ne pouvons pas comprendre l’attitude des centrales syndicales dites représentatives qui dès le lendemain de la déclaration du Président devraient sonner la mobilisation pour défendre les travailleurs alors qu’ils ont reçu leurs 600 millions de l’Etat dont ils n’ont jamais rendu compte. Nous exigeons l’audit de ces 600 millions pour que l’on sache comment ils ont été utilisés. Le monde du travail est déçu de ces centrales syndicales dites représentatives qui ne rendent jamais compte aux travailleurs et ne les défendent que le 01 mai», dénonce encore Magatte DIOP. Et de poursuivre pour appeler ses camarades à se faire une introspection : «Il faut que les gens se ressaisissent pendant qu’il est encore temps. Ces leaders de centrales syndicales doivent sortir de leurs torpeurs et s’unir pour défendre les travailleurs et non laisser l’Etat et le patronat dicter leurs lois».
Théodore SEMEDO