Le recensement organisé par l’Inspection d’académie de Pikine-Guédiawaye révèle que plus de 1 000 élèves candidats aux examens du Cfee et du Bfem sont sans pièces d’état civil. Rien que dans la commune de Golf- Sud qui compte 8 000 élèves au niveau de l’élémentaire répartis dans 11 écoles publiques, près de 2 000 d’entre eux n’ont pas d’actes de naissance. Plusieurs facteurs expliquent cela, notamment la négligence des parents.
Défini comme étant l’ensemble des actes de la vie d’un individu, l’état civil constitue un passeport pour l’accès et le maintien des enfants à l’école. Puisque les enfants non enregistrés à la naissance ou sans documents d’identité sont souvent exclus de l’accès à l’éducation. Il ressort même d’une étude menée au plan mondial que près de 120 millions d’enfants d’âge à fréquenter l’école primaire ne sont pas scolarisés. Au Sénégal, les données du recensement de la population de 2013 ont montré que 16,6 % de la population déclarent ne posséder aucun acte de naissance. En 2014, sur un nombre de 251 164 candidats inscrits pour le Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee) et l’entrée en sixième (option français et arabe), les dossiers de 52 110 élèves se sont révélés «irrecevables», faute d’actes de naissance.
Dans cette dynamique de problème d’accès à l’état civil, la banlieue dakaroise n’est pas en reste. Il ressort d’un recensement à miparcours organisé par l’Inspection d’académie de Pikine-Guédiawaye que plus de 1 000 élèves candidats aux examens du Cfee et du Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) sont sans pièces d’état civil. Dans la commune de Golf-Sud qui compte 8 000 élèves au niveau de l’élémentaire répartis dans 11 écoles publiques, près de 2 000 d’entre eux n’ont pas d’actes de naissance. Une information fournie par les autorités municipales au terme d’une enquête menée dans les écoles publiques de la localité, dans le cadre de la Couverture maladie universelle (Cmu).
La négligence des parents mise à l’index
Cette situation risque de compromettre l’avenir des enfants. Car sans extrait de naissance, il n’est pas possible de rester à l’école et de passer des examens. Or, la garantie du droit à l’éducation ratifiée par notre pays dépend du respect du droit à l’identification. En fait, la non-déclaration des enfants à la naissance s’explique par plusieurs facteurs. La «négligence des parents» caracole en tête, suivie des «problèmes de couple». Mais également «perte de papiers liés aux intempéries» comme les inondations. Une situation qui nécessite aujourd’hui une mobilisation de toute la communauté, selon les acteurs. Car en agissant sur cette problématique, on améliore l’accès à l’éducation et à la promotion des droits civiques. C’est dans cet ordre d’idées que l’inspecteur de l’Académie de Pikine- Guédiawaye, Gana Séne, a déclaré que «la sensibilisation doit être démultipliée pour que les parents d’élèves comprennent l’enjeu de l’état civil». «Ici au niveau de l’Ia, on s’active pour que les enfants puissent faire leurs examens et que l’on règle après leurs problèmes», dira-t-il.
La gratuité préconisée
Comme alternative face à ces dysfonctionnements sur l’état civil, des défenseurs des droits des enfants préconisent la délivrance des extraits de naissance dès l’inscription. Dans le volet sanitaire, la députée mairesse de Golf-Sud plaide pour l’institutionnalisation de bureau d’état civil dans les maternités, pour une inscription rapide de l’enfant dès la naissance et l’implication des sages-femmes dans la sensibilisation des femmes lors des visites prénatales. Les mairies sont aussi sollicitées par les défenseurs des droits des enfants pour l’accès total gratuit de l’obtention de l’état civil ainsi que la mise à disposition des cahiers de naissance à la disposition des délégués de quartiers, des imams et des prêtres. Il est également suggéré la multiplication des centres secondaires d’état civil, l’organisation d’audiences foraines spéciales avec le concours des tribunaux, de même que la formation des agents d’état civil pour une transcription correcte des pièces.
Théodore SEMEDO