Tous autres accusés sont condamnés à des peines diverses, y compris Cheikh Béthio Thioune, qui écope 10 ans de travaux forcés.
Si l’appel est possible pour les 12 autres condamnés qui ne recouvrent pas encore la liberté, dans un délai de 15 jours francs, tel n’est pas le cas pour le Cheikh. Mais alors, pourquoi ? Il a été jugé par contumace, c’est-à-dire sans sa présence au procès. Cela ressort de l’arrêt rendu par la Chambre criminelle de Mbour qui «avertit les condamnés de leur droit, à l’exception du contumax, d’interjeter appel de la présente décision dans un délai de 15 jours à compter de son prononcé». En conséquence, Cheikh Béthio n’a qu’une seule et unique possibilité pour échapper à un retour à la case prison : faire opposition. C’est un recours pour qu’il soit jugé en sa présence. Ce qui implique la réouverture du procès marathon.
Les condamnés peuvent faire appel sauf le Cheikh
La question de l’arrestation est également agitée. En vérité, Béthio Thioune ne sera pas conduit en prison et ne va pas non plus se constituer prisonnier, comme annoncé çà et là. Puisque la décision n’est assortie ni d’un mandat d’arrêt (comme cela a été le cas pour la notaire Aïssatou Guèye Diagne) ni d’un mandat de dépôt à l’audience, comme cela est arrivé à Tahib Soceh. La même situation frappe, outre le guide des Cantakuun, les autres accusés qui ont comparu libre au procès. En ce qui les concerne, le juge n’a pas décerné de mandat de dépôt à l’audience au moment du verdict, synonyme de leur retour certain derrière les barreaux.
Pourquoi Béthio est presque mis de hors de cause
Cheikh Bethio Thioune est innocenté pour la plupart des chefs d’accusation (association de malfaiteurs, recel de malfaiteurs…). Il est seulement déclaré coupable de faits : «non dénonciation de crime» et «complicité de meurtre». S’il en est ainsi, c’est parce que la reconstitution des faits du 30 juillet 2012, on s’en souvient, a prouvé qu’il n’avait pas entendu les coups de feu de l’arme utilisée par Khadim Seck pour fusiller Ababacar Diagne dont six balles ont été extraites de son corps. A la reconstitution des faits, lorsque le procureur s’est enfermé dans le salon en ordonnant aux gendarmes restés dehors d’appuyer sur la détente, ces derniers lui ont rétorqué qu’ils ont déjà tiré plusieurs coups de feu en l’air. D’où le fameux «Ce n’est pas possible» lâché par le procureur qui avait auparavant annoncé, lors de sa fameuse conférence de presse au lendemain des faits, qu’un double meurtre ne pouvait se passer dans le domicile du Cheikh sans qu’il n’en soit au courant.
Le second élément qui a semblé milité en faveur de Cheikh Béthio, c’est l’expertise sur le sang trouvé dans son véhicule qui a montré qu’il s’agissait du sang animal et non humain. C’est d’ailleurs ce qui a justifié la restitution de son véhicule, après que le guide des Cantakuun a été remis en liberté provisoire pour des «raisons médicales», le 21 février 2013.
Dernière analyse, la saisie des biens de Bethio confié à un séquestre n’est que provisoire, en attendant une ultime décision le concernant.
Pape NDIAYE