L’Egypte a mis en garde la Turquie contre toute exploration de gaz et de pétrole en Méditerranée orientale. Le Caire s’oppose ainsi à la volonté d’Ankara d’effectuer des forages au large de Chypre. Les deux puissances maritimes de la Méditerranée orientale se toisent face à des enjeux colossaux.
La découverte d’importantes ressources gazières par l’Egypte en Méditerranée orientales aiguise les appétits de toutes les puissances régionales: Israël, Egypte, Turquie. Cette dernière n’a pas hésité à montrer son intérêt pour le gaz en Méditerranée, surtout après l’accord signé entre l’Egypte et Chypre pour effectuer des travaux d’exploration d’hydrocarbures en Méditerranée.
Ainsi, la semaine dernière, l’Egypte a annoncé sa volonté de déployer dans les prochains jours un navire de prospection dans la zone économique chypriote pour effectuer des travaux de prospection et de forage.
Du coup, l’Egypte met en garde la Turquie contre toute tentative pouvant mettre en péril la sécurité et a stabilité dans la région. Pour l’Egypte, l’accord de démarcation maritime entre l’Egypte et Chypre est légal et conforme au droit international.
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La Turquie, quant à elle, déclare que l’accord égypto-chypriote de 2013 portant sur l’utilisation des ressources naturelles dans la zone économique de la Méditerranée est caduc.
En effet, pour Ankara, «les Chypriotes Turcs ont des droits indéniables sur l’archipel et aucune entité, société ou navire étranger ne peut effectuer des recherches scientifiques illégales ou d’exploration pétrolière et gazière sur le plateau continental de la Turquie et ses zones maritimes». Ainsi, pour Ankara, la zone maritime de Chypre contrôlée par les Chypriotes Turcs est sous la juridiction de la Turquie.
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Dans ce bras de fer entre l’Egypte et la Turquie, le Caire a obtenu le soutien de l’Union européenne qui a exhorté la Turquie à renoncer à cette exploration et forage dans les zones chypriotes. Une demande qui a peu de chance d’être écoutée par la Turquie qui veut aussi sa part dans ces importants gisements de gaz naturel et de pétrole de la région.
C’est aux alentours de Chypre que se trouvent les plus grands gisements gaziers de Méditerranée. Des gisements exploités par la Grèce, l’Egypte et Chypre dans le cadre d’un accord tripartite. Un accord dénoncé par Ankara. En février 2018, la marine turque avait chassé un navire forage du pétrolier ENI, poussant l’Egypte à réagir rapidement en positionnant des sous-marins et plusieurs bâtiments de guerre, dont le porte-hélicoptère Mistral Anouar el Sadate. Cette fois-ci encore, la décision d’Ankara a fait réagir rapidement le Caire et la tension risque de monter à nouveau entre les deux grandes puissances de la région.
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Il faut reconnaître que les enjeux sont importants. Au cours des 6 dernières années, près de 2.000 milliards de mètres cubes de gaz ont été découverts au niveau de la Méditerranée orientale. Et ce n’est qu’une partie de la région Méditerranée orientale qui a été explorée.
L’Egypte a découvert en 2015 un important champ gazier dans la région. Baptisé Zohr, les réserves de ce champ sont estimées à 850 milliards de mètres cubes de gaz. Le Caire a démarré l’année dernière l’exploitation de ce champ gazier et prévoit une production de 2,7 milliards de pieds cubes de gaz au titre de 2019, soit 50% de la production gazière égyptienne.
Rappelons que l’Egypte et la Turquie ont des relations conflictuelles depuis le renversement du président islamiste Mohamed Morsi par la junte militaire dirigée par le président actuel Abdel Fattah al-Sissi. La situation s’est dégradée davantage avec la crise opposant le Qatar, allié de la Turquie, aux pays du Golfe soutenus par l’Egypte. L’ouverture d’une base militaire turque au Soudan a aggravé la tension entre les deux pays.
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