L’Ordre des médecins fait feu de tout bois. En plus de solder un différend avec son ministre de tutelle, les blouses blanches regrettent le pilotage de la Couverture maladie universelle par des politiques.La Couverture maladie universelle est un programme social important. Mais, c’est le management du dispositif par des politiciens qui pose problème aux yeux des médecins. A sa naissance, c’est un responsable de la coalition au pouvoir, le regretté Cheikh Mbengue, qui avait piloté le programme. Il sera remplacé par un autre responsable du parti au pouvoir, Dr Bocar Mamadou Daff. Ce qui n’est pas du goût de l’Ordre des médecins qui a tiré la sonnette d’alarme. Une position affichée le week-end. C’était lors d’une rencontre de discussion et de validation du projet de texte relatif à l’exercice de la profession. «La Cmu est un programme noble pour régler les problèmes des Sénégalais et pour le développement du Sénégal. Elle vient à son heure pour soulager les populations en visant les barrières financières qui font que les populations ne peuvent pas se rendre dans les hôpitaux », campe son vice-président, Joseph Mendy. Toutefois, prévientil, «il faut éviter de mettre à la tête de la Cmu un militant politique»
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale en a aussi eu pour son grade. Il a été invité à la rencontre de l’Ordre des médecins pour une réflexion sur la validation du projet de texte relatif à l’exercice de leur profession. Toutefois, Diouf Sarr n’a ni répondu au courrier ni envoyé une délégation. Ce que déplorent les blouses blanches. «On a invité le ministre de la Santé mais on n’a pas eu de réponses. C’est un cri du coeur parce que lorsqu’on nous sollicite dans la sous-région par rapport à la santé, à la formation, c’est le président de la République luimême qui vient. Ici au Sénégal, on ne peut même pas parler au ministre. Ce qui est regrettable», commente le vice-président de l’Ordre. «Le Sénégal dispose des compétences variées formées à la faculté de médecine. L’Ordre regroupe donc toutes ces compétences. Les pouvoirs publics devraient s’appuyer sur ces compétences pour améliorer le système de santé», ajoute-t-il. Malheureusement, déplore Dr Mendy, «les relations ne sont pas bien huilées entre l’Ordre des médecins et les pouvoirs publics. Le gouvernement devrait améliorer cette communication. Des initiatives ont toujours été prises du côté de l’Ordre mais jamais du côté des pouvoirs publics ». Ce, alors que, selon lui, «l’Ordre devait jouer un rôle important dans l’amélioration du système de santé si son expertise est reconnue».
Commentant la grâce accordée, récemment, par le président de la République à un trafiquant de faux médicaments, les médecins pensent que «s’il y avait bien une bonne coordination avec les différents ordres, il n’y aurait pas de problèmes. Le gouvernement aurait reçu des conseils pour éviter de tels agissements. Il y a une carence d’informations qui fait que le président de la République n’est pas au courant de certains faits». Dans ses perspectives, l’Ordre compte mettre sur pied, dans chaque région, un conseil régional de l’Ordre. Lequel sera chargé de veiller au respect des conditions d’exercice de la profession tel que décrit par le code de déontologie.
Magib GAYE