Après l’annonce de la destitution d’Omar el-Béchir et la création d’un Conseil militaire de transition par l’armée, les leaders de la contestation appellent à maintenir le cap pour en finir avec un régime militaire.
Les meneurs du mouvement de contestation au Soudan se disent extrêmement “déçus” du maintien de l’armée au pouvoir, jeudi 11 avril, après la destitution du président Omar el-Béchir, remplacé par un Conseil militaire de transition. Ils rejettent le “coup d’État militaire” et appellent à poursuivre la mobilisation.
“Le régime a mené un coup d’État militaire en présentant encore les mêmes visages (…) contre lesquels notre peuple s’est élevé”, a indiqué dans un communiqué l’Alliance pour la liberté et le changement, composée de l’Association des professionnels soudanais (APS), qui a initié le mouvement de protestation depuis décembre, et de l’opposition.
Un nouveau communiqué annoncera prochainement la composition du Conseil de transition, pour le moment uniquement constitué de militaires liés au régime d’el-Béchir. Un problème pour la population qui souhaite désormais une démocratie gouvernée par la société civile.
Les leaders de la contestation demandent donc aux manifestants de maintenir le cap jusqu’à obtenir à nouveau gain de cause avec une transition vers un pouvoir civil. “Nous appelons notre peuple à continuer son sit-in devant le quartier général de l’armée (à Khartoum) et à travers le pays”, ont-ils ajouté.
“Nous ne partons pas !”
Alaa Salah, l’étudiante devenue depuis “l’icône” du mouvement, a déclaré sur Twitter vouloir un Conseil civil pour mener la transition et non “un Conseil militaire de transition”.
The people do not want a transitional military council. Change will not happen with Bashir’s entire regime hoodwinking Sudanese civilians through a military coup. We want a civilian council to head the transition. #Sudan
Alaa Salah (@iAlaaSalah) 11 avril 2019
“Nous ne partons pas” ou encore “un voleur a été remplacé par un autre voleur”, scandaient jeudi les manifestants devant le QG de l’armée, lieu emblématique de la contestation depuis samedi 6 avril. “Nous ne quitterons pas le site jusqu’à ce que nous emportions la victoire”, pouvait on également lire sur une banderole.
Les Soudanais prévoient de continuer de manifester les prochaines heures et prochains jours “si les militaires les laissent faire”, rapporte Bastien Renouil, correspondant de France 24 au Kenya.
Un couvre-feu dès menace la mobilisation
Mais un couvre-feu nocturne, de 22h à 4h, annoncé par Awad Ahmed Benawf, met en péril la mobilisation. Cette interdiction vise à empêcher les manifestants à se rassembler devant le QG de l’armée, explique Bastien Renouil.
L’armée va-t-elle ouvrir le feu si le couvre-feu n’est pas respecté ou va-t-elle protéger les manifestants, comme elle l’a fait depuis samedi dernier ? L’APS a réitéré son appel à l’armée sur Twitter pour qu’elle soutienne le peuple et non le nouveau régime militaire.
نداء
إلى جميع ضباط وضباط صف وجنود قوات شعبنا المسلحة الشرفاء، وإلى الذين انحازوا إلى الشعب وتصدوا ببسالة تاريخية لمحاولات النيل من المعتصمين في القيادة العامة، وقدموا شهداء سطر التاريخ اسماءهم بالذهب.
تابعتم محاولة سرقة #الشارع_بس#لم_تسقط_بعد
#اعتصام_القياده_العامهتجمع المهنيين السودانيين (@AssociationSd) 11 avril 2019
Dans son communiqué, le ministre de la Défense a annoncé vouloir donner une place aux civiles dans le Conseil de transition. Mais il semble “peu probable” que des civils aient une place importante dans ce gouvernement”, explique Bastien Renouil.
Avec AFP