La capitale sénégalaise est polluée. Très polluée. Elle est ainsi devenue “un cauchemar pour les asthmatiques qui doivent se confiner et prendre des traitements afin de pouvoir respirer correctement”, rapportait RFI début mars. La gravité du phénomène est reconnue au niveau international puisqu’en 2018, l’OMS classait Dakar comme “deuxième ville la plus polluée au monde”. Celle-ci affiche ainsi un taux moyen de particules fines de 146 microgrammes par m³. Soit plus de sept fois plus que les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé.
Le ministre sénégalais de l’Environnement et du Développement durable, Mame Thierno Dieng, reconnaît la situation. Mais il tient à “relativiser” les choses. Le rapport de l’OMS “n’a utilisé que les données de 2016 que seul le Sénégal a fournies”, ce qui fait qu’il y a “très peu d’éléments de comparaison par rapport à d’autres villes africaines”, a-t-il fait valoir. Il est vrai que Dakar est l’une des rares métropoles du continent à fournir des données sur la qualité de l’air et est “en pointe” en la matière en Afrique de l’Ouest : les autorités ont créé en 2009 le Centre de gestion de la qualité de l’air (CGQA), qui gère six stations de mesure réparties dans tout le pays. Conséquence, il est probable que d’autres villes africaines ont des taux bien pires, font valoir les responsables sénégalais.
Poussière du Sahara
Il n’empêche, la pollution de l’air dakarois est une réalité. Elle est notamment provoquée par les déchets industriels, mais aussi individuels (quand ils sont incinérés dans les zones d’habitation) et la déforestation. Il faut aussi évoquer la poussière amenée du Sahara par le vent (appelé l’harmattan) pendant la saison sèche. “A la maison, de fines couches de sable se déposent sur notre balcon. Les nuages de poussière nous envahissent au passage des nombreuses voitures“, explique un Dakarois cité par une enquête du National Geographic.
Le trafic automobile se conjugue ainsi à d’autres facteurs. En janvier 2018, Dakar comptait 300 000 véhicules pour 3,3 millions d’habitants. Ce parc (70% des voitures du pays) s’agrandirait chaque année de 8000 autos, camions… et de plus partiellement vétuste. De ce point de vue, le relèvement de cinq à huit ans de l’âge des véhicules importés a aggravé la situation. Une situation d’autant plus problématique que le carburant africain contient “des taux de soufre beaucoup plus élevés que ceux en vigueur en Europe ou aux Etats-Unis”, comme le relève la BBC. Soufre que l’on retrouve ensuite dans l’atmosphère…
Engorgement
Dans le même temps, les bouchons de la capitale, qui regroupe entre 25 et 30% des 15,7 millions d’habitants du pays sur 0,28% du territoire sénégalais, sont légendaires. Et, eux aussi, pourvoyeurs de pollution atmosphérique. “Chaque jour, les mouvements pendulaires, de la banlieue au centre le matin, et inversement le soir, accompagnent les interminables heures d’attente dans les embouteillages. Bus, cars rapides, cars Tata, taxis, véhicules personnels et charrettes se partagent les quelques axes principaux de la région de Dakar”, rapporte Le Point.
L’une des solutions envisagées pour désengorger la ville est la construction d’un train express régional. Un premier tronçon de 30 km, inauguré le 14 janvier par le président Macky Sall, relie le centre à Diamniadio (sud de la capitale). Il s’agit du “premier train rapide du pays et de l’Afrique de l’Ouest francophone”, précise Jeune Afrique. Le coût de l’équipement (656 milliards de francs CFA, soit environ 1 milliard d’euros) fait débat.
Le président Macky Sall “se pose en leader dans la lutte contre la pollution”, signale RFI. En 2018, il “avait notamment promis la tolérance zéro pour les véhicules hors d’âge très polluants”. Pour autant, “l’application concrète sur le terrain prend du temps”.
Francetvinfo