C’est la ruée des libéraux vers les prairies marron – beige. L’ancien ministre de la Justice sous le régime de Wade et membre du Bureau politique du Pds n’a pas encore officialisé son adhésion dans le parti au pouvoir mais il est favorable à l’appel au dialogue formulé par le président Macky Sall.
Cheikh Tidiane Sy est dans une logique de soutenir le Président Macky Sall. Il va ainsi rejoindre ses anciens «frères» de parti Souleymane Ndéné Ndiaye, Modou Digane Fada, Papa Samba Mboup… qui ont «transhumé» dans les prairies «marron – beige». Membre du Bureau politique du Parti démocratique Sénégalais (Pds), l’ancien ministre de la Justice est favorable à l’appel au dialogue de Macky Sall. Alors que la formation politique à laquelle il appartient n’a pas encore donné une position nette et tranchée. Il s’était signalé dans le mouvement Alsar de l’homme d’affaires Mamadou Racine Sy. Ce mouvement ne fait pas partie de l’Alliance pour la république (Apr) mais constituait un soutien qui a joué sa partition pour la réélection du Président Macky Sall au premier tour de la présidentielle de 2019. L’ancien ministre de la Justice sous le régime de Wade, Cheikh Tidiane Sy qui est membre de ce mouvement avait préféré maintenir le suspense quant à son soutien au Président sortant. Mais c’était sans compter sur le patron dudit mouvement, Mamadou Racine Sy, qui avait vendu la mèche soutenant que l’ancien Garde des Sceaux partage les idéaux dudit mouvement.
Dans une longue tribune qu’il a adressée à la presse hier, l’ancien Garde des Sceaux sous le régime libéral a vanté le mérite du dialogue auquel le Président Macky Sall a convié la classe politique (pouvoir comme opposition). D’emblée précise Cheikh Tidiane Sy, «nous Sénégalais, nous nous réclamons de la tradition démocratique certes, mais nous avons, avant tout, nos traditions, nos valeurs et bien sûr nos insuffisances! Notre culture nous enseigne d’être toujours à l’écoute de l’autre, de dialoguer; c’est une des significations de l’adage ‘Nit Nitay Garabam’». S’adressant aux acteurs politiques, il souligne : «Alors à l’attention de ceux-là qui, soit raillent l’initiative du Président, soit veulent lui assigner des contours aux antipodes de l’esprit qui la porte, il convient de souligner que la démarche est plutôt un moyen d’oxygéner l’espace politique et de construire les plages de convergence nécessaires au maintien de la solidarité nationale».
Pour l’ancien Garde des Sceaux, «le moment est certainement venu de sortir de l’emprise de la ‘guerre des tranchées’ pour s’engager résolument dans la voie de la construction d’un futur commun. Dès lors l’idée de dialoguer en posant des conditions devient saugrenue, car pour un État qui se respecte le dialogue a aussi ses limites!». Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, l’ancien ministre de la Justice estime que le Président Macky Sall aurait pu, comme l’a souligné quelqu’un récemment, «se comporter en ‘maître’ -du fait de sa brillante et très confortable réélection – en se disant qu’il a largement gagné et qu’il va donc continuer de gouverner seul avec sa coalition. Il l’a fait pendant sept années, et cela n’a pas empêché les Sénégalais de lui renouveler leur confiance». Dans des démocraties avancées comme les USA ou l’Angleterre, argumente-t-il, «c’est de cette façon que l’on gouverne ! Mais, certainement, tenant compte du fait qu’il a été réélu par une majorité de Sénégalais qui n’ont rien à voir avec les partis coalisés, mais qui sont des citoyens lambda profondément soucieux de continuité et de stabilité, il se présente sous les habits de l’homme politique capable de décoder les messages qui viennent de la base. Cette politesse civique ne saurait être ignorée!».
Magib GAYE