L’engagement du chef de l’Etat à passer un coup de torchon dans nos quartiers est salué à juste titre par tous les Sénégalais.
Mais, par cohérence, Macky SALL devrait commencer par son Château. Entre les ministres conseillers le jour, chanteur la nuit, commerçants et affairistes, il y a en, à quelques exceptions près, la tonne et le quintal à l’avenue Léopold Sédar SENGHOR. Cela, sans compter la quasi-inexistence du cabinet. Ainsi, pour donner l’exemple, il devrait débuter le nettoyage dans son système.
Adieu la pagaille. Après avoir débarrassé Dakar de son maire, Macky Sall veut maintenant faire un brin de ménage en mettant de l’ordre dans la capitale. Et tous les Sénégalais applaudissent. Car, l’encombrement de la capitale, est devenu insupportable pour beaucoup de citoyens et le pays risque de laisser une très mauvaise image aux centaines de milliers de visiteurs attendus en 2022 dans le cadre des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) comme le martèle le chef de l’Etat.
Mais, beaucoup de citoyens, fidèles aux principes républicains, voudraient le voir d’abord commencer à balayer devant sa porte. Car, là où il avait promis un gouvernement de 25 ministres en 2012, il en a plus aujourd’hui au conseil. Et des ministres conseillers et conseillers inutiles, à quelques exceptions près, il y a en la tonne et le quintal à l’avenue Léopold Sédar SENGHOR. Une refonte générale de son mode de fonctionnement fera faire des économies à la présidence de la République.
Ainsi, après avoir nettoyé ses lunettes des fortes bourrasques qui en avaient embué les verres, c’est aux comportements des gens de son système que Macky Sall devrait se tourner. En effet, s’il veut, comme il dit dans son message à la Nation du 3 avril, restaurer la citoyenneté, il faut qu’il commence par diminuer et nettoyer en profondeur les équipes de la présidence, c’est-à-dire très peu de conseillers et de ministres conseillers qui pèsent sur le budget. Cela, à côté de l’inexistence du cabinet où Maxime, nous dit-on, n’a pas tenue de réunion avec les conseillers depuis un an.
Manifestement, durant le premier mandat, les Sénégalais ont assisté avec nous, à une accentuation de la présidentialisation du régime. Aujourd’hui qu’il veut faire un grand nettoyage, il doit aussi le pousser à se démarquer des pressions maraboutico-affairistes. En effet, on ne doit pas permettre à quelqu’un d’être ministre le jour et chanteur le soir. Ou même d’accepter qu’un commerçant de l’UNACOIS soit ministre conseiller. Car, là, il y a problème au niveau des principes, fiscal notamment.
Ces mélanges de genre posent beaucoup de problèmes à la lisibilité de la République. Et c’est là où les Sénégalais et la communauté internationale l’attendent aussi.
Ces incohérences notées dans le système ont poussé le Directeur des Sénégalais de l’extérieur à pousser le toupet jusqu’à accuser les Russes d’avoir envoyé des mallettes d’argent au Sénégal pour financer l’opposition. Une bourde diplomatique à laquelle le pays de Poutine a vigoureusement protesté. Que dire d’Amadou Fall Kane, son conseiller en charge de l’Economie, des Finances et des Investissements dont l’activisme débordant gêne beaucoup certaines ambassades selon qui «il dit tout et son contraire et veut toujours être sur la photo».
Même si le gouvernement sortant ne comptait pas beaucoup de lumières, on peut se réjouir que la ligne soit cette fois-ci claire. Et s’il est vrai qu’il n’y aura pas de changement de cap, de grosses rumeurs font état de changements majeurs dans le gouvernement. Car, même si le journal Libération confirme en poste Mahammad Boun Abdallah DIONNE, de sources sûres, la course reste ouverte pour Aly Ngouille, Mamadou Makhtar CISSE, la carte que Tivaouane joue à fond, Abdoulaye Daouda DIALLO.
Casser le ministère des Finances
Pendant ce temps, d’autres se demandent s’il faut garder le poste de Premier ministre dans ce fonctionnement actuel. Cela, argumente-t-on, parce que «Dionne s’est laissé vider de toutes ses prérogatives. Même dans son cabinet, certains doivent leurs nominations au Président», confie une source au palais. Laquelle estime qu’il joue plus le rôle d’un chef de cabinet «en dévalorisant totalement la fonction pour une histoire de loyauté alors qu’on lui demande juste d’être plus efficace».
Au ministère des Affaires étrangères, les jeux sont ouverts. Et les noms de Omar Demba Bâ, ministre conseiller- diplomatique, de l’ex-Premier ministre Aminata TOURE Mimi et d’Abdoulaye Aziz MBAYE, l’ancien ministre de la Culture reviennent avec insistance à côté de l’actuel titulaire du poste Sidiki KABA dont, nous souffle-t-on, le «Patron» a beaucoup salué la vista sur la crise algérienne là où son chef avait un autre son de cloche, lui, considérait les prémices de cette révolution comme une peccadille.
Au ministère de l’Economie, des Finances et du Plan également, ça manœuvre grave pour affaiblir la montée en puissance d’Amadou BA. Car, rapportent nos gorges profondes, «certains apprentis sorciers veulent que le Président scinde le département en trois : un en «Domaine et patrimoines», un autre en «Economie et Finances» et en «Budget » dont rêve fortement Aliou, le frère, alors qu’il y a des fonctionnaires doués et taillés pour, comme un certain Moustapha BA pour faire brillamment ce travail.
Dans les autres départements aussi, comme l’Agriculture, l’Intérieur, les dés sont jetés. Et plusieurs proches collaborateurs du Président, comme Abou Abel THIAM, ou Arona DIA dont on prête des ambitions à l’Agriculture, sont également annoncés comme possible entrant dans la prochaine équipe.
Ainsi, dans quelques jours, nombre des partisans de Macky vont se réveiller avec la gueule de bois, des frustrations et seront obligés d’afficher des sourires forcés. En effet, ce ne sera plus la galette pour tous.
Gros boulot contre le chômage
En faisant des jeunes la priorité absolue de son quinquennat, Macky SALL veut assurer la relève. Mais la tâche ne sera pas facile. Car, en 7 ans, il a changé plusieurs fois de ministres sans résultats.
Ainsi, compte tenu des expériences passées, l’objectif d’un million d’emplois vendu durant la campagne électorale à Pikine semble un rêve encore lointain. Et on ne sait quelle formule magique lui permettra de tenir parole.
Sil veut atteindre ce million d’emploi qu’il a promis, il gagnerait à mettre le secteur privé au cœur de son action. Et, selon certaines sources, les noms de Baïdy AGNE et d’Oumar SOW, circulent de plus en plus comme futur ministre de l’Industrie et des Travaux publics.
Cependant, malgré ces bruits au détour de couloirs, il faut compter sur une chose : le Président veut toujours aller là où on ne l’attend pas.
Seyni DIOP