Le massacre des Peulhs survenu avant-hier au Mali vient alourdir le bilan des pertes en vies humaines enregistrées depuis le début de l’invasion, il y a 7 ans. De 2012 à nos jours, plus de deux mille personnes et des milliers de blessés sont répertoriés. Compte à rebours.
Le génocide perpétré sur l’ethnie Peulh, avant-hier au Mali, est le énième cas enregistré depuis l’invasion de ce pays il y a six ans, précisément en 2012. Date à partir de laquelle des organisations terroristes opèrent dans plusieurs localités du pays, notamment le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), Ançar Dine, AlQaida au Maghreb islamique (Aqmi) et leurs alliés. C’est à partir de 2013 que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) a commencé à opérer dans le pays, en vue d’enrayer cette vague de violences suscitées par les terroristes et leurs alliés. L’armée malienne a payé le plus lourd tribut dans cette guerre contre le djihadisme.
Tout a commencé sous le régime d’Amadou Toumani Touré (ATT). Ce fut d’abord l’attaque de Ménaka survenu le 17 janvier 2012. Celle-ci a été conjointement revendiquée par Ançar Dine, le Mnla et Aqmi. Ces forces attaquèrent simultanément les villes de Tessalit et Aguelhok. Hélas, les forces armées maliennes déployées pour riposter vont tomber dans une embuscade au sud d’Aguelhok, près de l’oued d’In-Emsal. Bilan : 10 militaires tués d’après le gouvernement, 100 selon les rebelles.
Quelques jours après, les terroristes refont parler d’eux, cette fois en attaquant le camp d’Aguelhok. Ce qui fera un bilan controversé de 95 morts selon le gouvernement malien et 153 militaires massacrés, selon l’Association malienne des droits de l’homme. Il y a eu successivement la bataille de Konna qui a causé 100 morts chez les salafistes, 12 victimes civiles et, officiellement, 11 tués du côté des militaires maliens. Mais également les deux batailles de Kidal et celles survenues par la suite dans les localités de Diabaly, Nampala, Ténenkou, Nara et Gourma-Rharous. Selon plusieurs sources citées par la presse malienne, un bilan de 400 à 450 soldats maliens ont été tués de janvier 2012 à 2015.
Tout a commencé sous ATT
Depuis le déclenchement des hostilités en 2012, le risque explosif représente une menace au Mali. Cela au détriment de la sécurité et de la liberté de mouvement au centre et au nord du pays. Une situation qui compromet l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations civiles, l’accès des citoyens aux moyens de subsistance et la reprise des activités économiques. Selon M. Philip Renard, déjà en 2012, le Service de l’action anti-mines des Nations-Unies (Unmas) a enregistré 112 incidents impliquant des Restes explosifs de guerre (Reg) et un total de 206 victimes civiles, dont 64 % sont des enfants. Selon lui, «les engins explosifs improvisés (Eei) sont devenus, aujourd’hui, une arme de choix des auteurs de violences armées au Mali». Parce que, signale-t-il, depuis le déploiement de la Minusma en juillet 2013, l’Unmas a répertorié un total de 402 incidents dus à des Restes explosifs de guerre ayant causé la mort de 219 personnes et blessé 721 autres. D’après toujours M. Renard, de 2013 à nos jours, dans la protection des civils, l’Unmas a contribué à diminuer notoirement le nombre de victimes de Restes explosifs de guerre, soit 54 victimes (en 2013), 23 victimes (en 2016) et une seule pour cette année.
Selon le directeur du Service de l’action anti-mines des Nations-Unies, 139 incidents impliquant des engins explosifs improvisés ont fait 254 victimes en 2016, alors qu’en 2017, 32 incidents ont causé 246 victimes. «Ces chiffres démontrent que malgré les efforts des autorités maliennes, les capacités nationales pour réduire les risques et répondre à la menace explosive restent limitées», a signalé M. Renard. Rien qu’au mois de janvier 2017, 111 morts dont 30 militaires, 43 de la Plateforme, 37 de la Cma et 1 casque bleu ont été répertoriés.
2017, année la plus meurtrière
Selon un communiqué du Parti d’opposition de l’ex-chef de la diplomatie malienne (Parena), l’année 2017 aura été la plus meurtrière depuis l’accession du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à la magistrature suprême, le 4 septembre 2013. «En effet, au moins 716 personnes ont perdu la vie au Mali entre le 1er janvier et le 31 décembre 2017», a récemment indiqué dans un communiqué, le parti de l’opposant malien Tiébilé Dramé. Au nombre des victimes inscrites sur la liste du Parena figurent 292 militaires maliens et étrangers. Les victimes sont ainsi réparties : 245 membres des Famas (forces maliennes), 45 soldats de l’Onu et deux éléments de la Force Barkhane. Jusqu’en 2018, au moins 2108 personnes ont trouvé la mort au cours de divers incidents armés. Et 1 157 personnes blessées au cours de la même période.
Pape NDIAYE