Les familles des soldats qui ont péri à la guerre du Golfe de 1991 ont organisé, hier, un récital de Coran, pour commémorer l’anniversaire de la disparition de leurs proches et parents. Une occasion qu’elles ont saisie pour encore réclamer au gouvernement du Sénégal leurs indemnités.
21 mars 1991-21 mars 2019. Voilà 28 ans, jour pour jour, qu’un avion saoudien qui ramenait 93 soldats sénégalais, dans le cadre de la Première Guerre du Golfe, s’écrasait. Quatre-vingt-onze jambars ont trouvé la mort. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Les familles des victimes et les rescapés désemparés continuent toujours de courir derrière les régimes qui se sont succédé pour réclamer leurs indemnités. «Le Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne, nous a reçus à quatre reprises. Mieux, il a créé une commission technique dirigée par son conseiller technique militaire, le général Amadou Anta Gaye avec qui nous avons eu une importante séance de travail. Et l’intégration des fruits de ces investigations ont été remis au président de la République, Macky Sall. Donc des éléments d’investigations attestant que l’argent est effectivement arrivé. Ce que le général Louis Tavarez De Souza, ancien Cemga, et chef d’Etat-major des armées a confirmé mais jusqu’à présent les bénéficiaires n’arrivent pas à rentrer dans leurs fonds», lance Mame Mactar Guèye de l’Ong Jamra. C’était en marge d’une journée de prière dédiée aux militaires disparus.
Pour lui, tout est entre les mains du chef de l’Etat. Car c’est Macky Sall, selon lui, qui a le dernier mot en tant que chef suprême des armées. Il ne perd pas espoir que le président de la République donne une suite favorable à ce dossier qui n’a que trop duré. Toutefois, le patron de Jamra précise que l’actuel locataire du Palais n’est pas responsable, parce que c’est un drame qui s’est passé depuis 1991. Mais, relève-t-il, il y a le principe de la continuité de l’Etat.
Il rappelle que le dossier en est à sa 28ème année. De son avis, il ne reste que deux ans juste aux termes desquelles personne ne pourra plus prétendre à quoi que ce soit. «Nous ne voulons pas être frappés de forclusion. C’est ce qui explique, aujourd’hui, la pression sur les parents des victimes pour que ce dossier connaisse une issue heureuse. Les familles de ces soldats victimes vivent, aujourd’hui, dans des difficultés. Il y a des veuves qui tirent le diable par la queue. Elles sont expulsées de maison en maison. Il y a des orphelins qui ont été renvoyés des établissements scolaires pour défaut de paiement», fustige-t-il. «Depuis que nous sommes revenus de cette guerre, cela fait 28 ans, aujourd’hui, nous courons derrière nos indemnités. Nous avons trop attendu. Tous les contingents des autres pays étrangers ont reçu leur argent sauf les soldats sénégalais. Nous interpellons le président Macky Sall, nous avons sacrifié toute notre jeunesse pour cette nation et nous voulons nos indemnités», ajoute El Hadji Abdoulaye Diouf, secrétaire général adjoint du Collectif des anciens combattants de la Première Guerre du Golfe.
Samba BARRY