Réduire ou augmenter le mandat des députés pour, soit provoquer des élections législatives anticipées couplées à celles locales, soit reporter les compétitions électorales pour le choix des parlementaires pour les coupler à l’élection présidentielle en 2024. Une idée de plus en plus agitée dans la mouvance présidentielle dont la matérialisation est suspendue à la prérogative du chef de l’Etat et qui risque de saper la dynamique unitaire de la plus vieille coalition électorale, Benno Bokk Yaakaar.
C’est à se demander si Macky Sall, le Président nouvellement réélu et qui n’a jusque-là pas prêté serment, n’est pas en train de chercher la meilleure formule de réorganisation du calendrier électoral pour avoir une mainmise sur la coalition qui le soutient depuis 2012. Depuis l’officialisation de sa victoire au premier tour de l’élection présidentielle du 24 février 2019 par le Conseil constitutionnel, les sons de cloche de la mouvance présidentielle se suivent mais ne se ressemblent pas. Tantôt, c’est la proposition d’une dissolution de l’Assemblée nationale pour un couplage entre élections législatives et celles locales au mois de décembre prochain qui est faite. Tantôt, c’est la prolongation du mandat des députés de deux ans pour un couplage des élections législatives et celle présidentielle en 2024 qui est agitée.
Dans l’immédiat, dissoudre l’Assemblée nationale serait un coup dur dans la galaxie présidentielle. Cela laisserait penser à une bataille de positionnement et même à une volonté inavouée de se séparer des alliés gênants et trop gourmands. Vouloir coupler les élections législatives à celles locales sera une forte occasion de faire ressurgir les ambitions locales surtout dans un parti présidentiel à la structure horizontale. En effet, l’organisation de compétitions législatives et celles locales, dans un proche avenir, installera le pays dans une campagne électorale permanente, eu égard à l’influence des élections législatives dans la formation d’un gouvernement. L’opposition sortie d’une défaite électorale aura une chance de reconduire ses grandes coalitions pour aller à l’assaut de l’Assemblée nationale. Ce qui pourrait constituer un risque énorme susceptible d’imposer une cohabitation au Président Macky Sall.
Sur un tout autre registre, prolonger le mandat des députés de deux ans pour le couplage de l’élection présidentielle et des élections législatives en 2024, au-delà du renouvellement du bail de l’actuel président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, est un moyen de pérenniser la coalition Benno solidement représentée dans l’hémicycle. Seulement, si Macky Sall venait à prendre un acte de prorogation du mandat des députés, cela risquerait d’être interprété négativement si l’on sait qu’il y a quelques mois il avait pris un acte prorogeant le mandat des élus locaux.
Ciré BA