Le 2 avril prochain le Président Macky Sall devra prêter serment pour entamer son second et dernier mandat à la tête de la nation sénégalaise si les dispositions constitutionnelles en la matière sont respectées. Un quinquennat qui, au-delà de toutes les ruptures attendues dans la gestion socio-économique du pays, devra aussi marquer le début d’une inévitable reconfiguration de l’espace politique pour ne pas dire une alternance générationnelle qui s’impose d’elle-même à presque toutes les formations politiques de l’opposition classique.
(Correspondance) – Presque l’ensemble des barrons de la classe politique sont frappés par la limite d’âge et ont fini de faire leur temps pour avoir pratiqué tous les régimes qui se sont succédé dans ce pays, de l’indépendance à nos jours. De ceux là, les deux principaux souteneurs du régime actuel, Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste et Moustapha Niasse du l’Alliance des forces de progrès. Deux anciens frères d’armes qui, pendant quarante longues années ont ensemble accompagné les Présidents Senghor et Diouf avant de se séparer par un concours de circonstance, le fameux congrès sans débat faisant du premier le premier secrétaire du Parti socialiste et provoquant de départ des rangs du second. Avec la survenue en 2000 de la première alternance, ils feront chemin à part avec des fortunes diverses. Quand Moustapha Niasse devint le Premier ministre de Wade, Tanor Dieng entame sa traversée du désert qui durera tout le temps de l’ère wadienne. Soit douze ans de descente aux enfers.
A la faveur de la survenue de la seconde alternance, le hasard les réunira au sein de la mouvance présidentielle, la coalition Benno Bokk Yaakaar. Aussi revinrent-ils aux commandes occupant les postes de président de l’Assemblée nationale et de président du Haut Conseil des collectivités territoriales. Deux postures au sommet de l’Etat avec tous les avantages y affairant qui, même s’ils ne leur ont pas fait perdre le nord, les ont poussés à reléguer au second plan la mission première de leur formation politique, la conquête et l’exercice du pouvoir. Une orientation qui ne fera pas l’unanimité au sein de ces partis qui virent naturellement des mouvements de désapprobation portés par des leaders engagés à leur faire entendre raison. Mal leur en pris puisqu’ils subiront les foudres de ces ténors. Aïssata Tall Sall d’abord pour avoir décidé de s’opposer à Tanor à l’occasion des primaires, Khalifa Sall, Barthélémy Diaz et compagnie pour avoir refusé que leur formation politique le Ps, se transforme en parti de contribution. Malick Gakou et Elène Tine de l’Afp ne connaîtront pas un meilleur sort parce que, eux aussi voués aux gémonies et bannis des leurs, sacrifiés à l’instar de leurs frères socialistes sur l’autel du compagnonnage dans la mouvance présidentielle.
Même cas de figure au niveau des partis gauchistes de la Ld/Mpt de Aj/Pds et du Pit. Lesquelles formations n’ont pas, elles aussi, su résister aux contradictions profondes qui ont fini par sonner une implosion dans leurs rangs. Elles se sont toutes, à l’exception du Pit, scindées en deux. Leur mal en commun étant la posture inamovible de leurs responsables qui tirent les rênes du parti depuis leur création et qui ont en aversion toute idée de renouvellement des instances dirigeantes qui pourrait mettre en péril leur prééminence au sein de leur formation politique. Quant au Parti démocratique sénégalais, Wade-père semble avoir réglé le problème en douceur. Ce, même s’il est vrai que la décision de dévolution monarchique de son parti à son fils n’a pas été sans conséquence dans la cohésion dans les rangs de ladite formation libérale. Des contradictions qui se sont amplifiées avec la volonté d’imposer la candidature de ce fils Karim Wade, comme seul alternative pour que le Pds puisse prendre part à la présidentielle. Une posture qui a fini par exacerber la colère des plusieurs dignitaires et responsables libéraux qui ont simplement claqué la porte pour aller voir ailleurs. Car ayant compris le jeu du vieux chef qui n’a d’yeux que pour l’avenir politique de son fils
Même le rewmiste en chef Idrissa Seck ne bénéficie que d’un court répit et doit déjà entendre le sifflement de ce vent implacable qui hante le sommeil des dirigeants de la classe traditionnelle. Il en est de même pour Macky Sall qui entame son dernier mandat et qui doit penser à la relève. Pour dire que tous, sans exception se doivent de prêter une oreille attentive aux jeunes loups aux dents longues au lieu de s’entêter vainement dans un cloisonnement qui ne leur ouvrirait que la petite porte de sortie. Quand la vieillesse tape à votre porte, la sagesse recommande qu’on dise bonjour à la jeunesse. Un adage qu’ils se doivent tous de méditer pour éviter les contrecoups de ce vent implacable d’alternance générationnelle qui souffle inexorablement sur l’espace politique national.
Sidy DIENG