Le très stratégique poste de maire de Dakar sera âprement disputé au mois de décembre lors des prochaines élections locales. Amadou Bâ, Abdoulaye Diouf Sarr et Barthélémy Dias font figure de favoris.
Ils seront nombreux les candidats à la succession de Soham Wardini au poste de maire de la ville de Dakar. Lors des élections du mois de décembre prochain, ce poste sera le plus convoité sur l’ensemble du territoire national à cause de sa position stratégique dans l’échiquier politique. Parmi les favoris il y a l’actuel ministre de l’Economie et des Finances. Entré dans le tare en politique et propulsé délégué régional de Dakar de la coalition Benno Bokk Yaakaar pour le parrainage et après, lors de l’élection présidentielle, Amadou Bâ fait figure de grand favori. En effet, c’est en partie grâce à lui que le Président sortant et sa coalition ont remporté une victoire écrasante dans la capitale. Plus de cent mille voix d’écart sur le candidat Idrissa Seck, arrivé deuxième et qui a été soutenu par les anciens maires de Dakar Khalifa Sall et Pape Diop. En plus, Amadou Bâ, en ralliant à sa cause Moussa Sy, maire de la commune des Parcelles assainies, la deuxième pourvoyeuse de conseillers municipaux à la ville de Dakar, est devenu par la force des choses le maître de cette municipalité mais également de la ville de Dakar. Ainsi, il a toutes les cartes en main pour s’imposer comme le futur successeur de Soham Wardini.
Il reste maintenant à voir si le Président Macky Sall acceptera qu’il quitte le ministère des Finances. Un département où il a fait un bon travail, si l’on juge ses résultats, notamment l’organisation des deux groupes consultatifs de Paris en 2014 et en 2018 dont il est l’architecte. D’après lui, cela a permis au Sénégal d’enregistrer des engagements financiers de 11 429 milliards F Cfa, soit 2,65 fois plus que les annonces de financement d’un montant de 4 303 milliards FCfa des six (6) groupes consultatifs organisés par le Sénégal avant 2012. Toutefois, Amadou Bâ aura beaucoup à faire y compris dans son propre parti, l’Alliance pour la République (Apr) où il compte des rivaux pour ne pas dire des ennemis politiques. Car il est de notoriété publique que le maire de la commune de Yoff vise lui aussi le poste de maire de la ville. Il est aussi de notoriété publique que le courant ne passe pas ou difficilement entre les deux hommes. Toutefois, Abdoulaye Diouf Sarr, même s’il revendique des origines dakaroises, ne fait pas le poids politiquement face à Amadou Bâ. Avec la commune de la Patte d’oie, Yoff dont il est le maire, est la plus petite pourvoyeuse de conseillers municipaux à la ville de Dakar.
Autre ténor du parti présidentiel à convoiter la ville de Dakar, le député Moustapha Cissé Lô, même s’il est très loin d’être favori, même pas un outsider. Devenu «apatride» après avoir été chassé de Touba et déclaré indésirable à la Patte d’oie, il cherche maintenant à poser ses baluchons à Yoff pour mieux sauter vers la ville de Dakar. Car pour prétendre au poste de maire de la ville de Dakar, il doit être d’abord élu conseiller dans une localité du département de Dakar. Aussi, il doit d’abord franchir cet obstacle pour penser ensuite à la ville de Dakar. Et ce n’est pas gagné d’avance pour lui. Certes, il a battu campagne lors de la présidentielle à Yoff, mais pour ce qui est des locales, des notables de la commune veulent lui fermer les portes de la cité. Teigneux et déterminé à conquérir cette localité au mois de décembre prochain, Moustapha Cissé Lô n’abdique pas. Et il ne manque jamais une occasion pour manifester sa présence dans cette cité. Macky Sall, le chef du parti, s’est toujours refusé à arbitrer ou à prendre ouvertement position pour un quelconque responsable.
Ainsi, Barthélémy Dias, le maire khalifiste de la commune de Mermoz-Sacré-cœur, pourrait bien profiter de cette guéguerre apériste pour se frayer un boulevard et succéder ainsi à son mentor. Car le vote étant secret, des conseillers de l’Apr favorables aux responsables pourraient être tentés par un vote sanction. Partisan de Khalifa Sall jusqu’au bout des ongles, il ne cache pas son ambition de lui succéder et par la même occasion de le venger et de faire un pied de nez au Président Macky Sall qui a déchu son mentor de son poste de maire de la ville. Et s’il est candidat, Barthélémy Dias aura à coup sûr le soutien de Khalifa Sall. Il pourra également compter sur les nombreux conseillers municipaux qui seront issus de leur liste. En effet, malgré la prison, Khalifa Sall continue d’avoir une bonne assise dans son fief de Grand Yoff, à la Médina, aux Parcelles assainies, à Dieuppeul et à Mermoz-Sacre-cœur. Ces communes sont les plus grands réservoirs de conseillers municipaux de la ville de Dakar. Grand Yoff arrive en tête, suivi des Parcelles assainies et la Médina arrive en troisième position.
Face aux trois favoris, d’autres maires de commune, des outsiders convoitent le fauteuil de Soham Wardini. On peut citer le maire de la Médina Bamba Fall. Mais il a très peu de chances à cause de son jeu trouble lors de la présidentielle. Il va payer chèrement son refus de soutenir Idrissa Seck, adoubé par Khalifa Sall et son refus d’appeler à voter Macky Sall, alors que tout le monde le voyait dans la mouvance présidentielle. Avant de penser à la ville de Dakar, Bamba Fall doit d’abord penser à sa réélection. Et ce n’est pas gagné d’avance, puisque tous les khalifistes l’ont lâché. Il ne pourra pas non plus compter sur les apéristes qui ont une occasion de le renverser.
Plusieurs fois élu conseiller à la ville de Dakar, Moussa Sy s’était présenté à l’élection pour la succession de Khalifa Sall. Battu à plate couture par Soham Wardini, Moussa Sy avait rejoint la mouvance présidentielle. En décembre il sera heureux qu’Amadou Bâ, qui a pris le dessus sur lui lors des élections législatives dans la localité, lui laisse la commune.
Enfin, arrive la vague des élus socialistes, avec à leur tête Alioune Ndoye, l’édile du Plateau. Beaucoup d’entre eux ont été élus grâce au nom de Khalifa Sall. Maintenant qu’ils n’ont plus son soutien et que leur formation politique est constamment en régression et préfère se ranger derrière l’Apr que de s’affirmer, il leur sera difficile pour ne pas dire impossible de succéder à leur ancien camarade de parti, même s’ils avaient émis le souhait, lors de l’élection pour sa succession.
Charles Gaïky DIENE