S’il y a des populations qui souffrent plus de la mauvaise qualité de l’air, actuellement à Dakar, c’est bien les agents de nettoiement et les marchands ambulants. Ces derniers qui travaillent à l’air libre sont exposés à toutes sortes de microbes qui rendent difficile leur quotidien.
La mauvaise qualité de l’air de ces derniers temps impacte grave sur la santé des gens qui travaillent en plein air notamment les marchands ambulants et les techniciens de surface. Employé d’une société de nettoiement de la place, Aliou Mané ne dira pas le contraire. Blouse couleur kaki, une casquette bien vissée sur la tête, des lunettes pour se protéger de la poussière et du soleil, l’homme, la cinquantaine, tire un charriot d’ordures qui fait presque deux fois son poids. Il affirme qu’il est très difficile pour lui de travailler actuellement à Dakar à cause des particules de poussière. «Nous peinons à travailler correctement à cause de cette poussière. On suffoque et on rencontre toutes les difficultés pour respirer. On devrait nous donner des masques. Mais, notre employeur ne l’a pas fait. Alors, nous sommes obligés de nous débrouiller pour nous protéger contre les risques que cette poussière fait encourir à notre santé. Actuellement, beaucoup de nos camarades sont malades. Nous sommes exposés à toutes sortes de microbes», se lamente-t-il.
Idem pour les marchands ambulants. Ces vendeurs à la sauvette qui font la ronde en centre-ville subissent les conséquences de la mauvaise qualité de l’air. Trouvé assis sur une pierre à quelques pas du rond-point Sandaga, à côté de l’arrêt des bus Tata, Amadou Kane, sac en bandoulière tient un ensemble de pantalon jean et des robes en soie qu’il espère écouler avant la fin de la journée. Mais cela ne sera pas une promenade de santé pour ce marchand ambulant. «Mon camarade et moi faisons chaque jour le tour des grandes artères de la ville pour vendre à nos clients des pantalons et des robes. Mais, aujourd’hui, je suis seul. Mon compagnon est absent. Je l’ai appelé au téléphone, il m’a dit qu’il ne se sent pas bien. Il s’est réveillé avec un rhume et une enzyme. C’est difficile de travailler actuellement», souligne-t-il.
A l’entrée de la grande porte du garage de Lat-Dior, Mame Sidy Sarr tient une «librairie par terre». Il vend des romans, des livres au programme, du primaire au secondaire. Sur les trottoirs, les bouquins sont rangés contre le mur de clôture de la maison qui fait face à la rue qui prolonge vers la place de l’Indépendance. Selon lui, il est très difficile de respirer. La fumée qui se dégage des moteurs des véhicules, mélangée à la poussière, les indispose, lui et ses camarades. «Ces derniers temps je tousse beaucoup et je sens une intense douleur au niveau de mes côtes. A la maison, de fines couches de sable se déposent sur notre balcon. S’y ajoute des nuages de poussière qui envahissent nos domiciles au passage des nombreuses voitures. J’interdis même à mes enfants de jouer dehors», lance la dame, Eveline Mancabou, qui habite l’Avenue Roume.
Samba BARRY